Fermé depuis 1996, le musée des Arts décoratifs rouvre enfin ses portes le 15 septembre, après un lifting salutaire. Ainsi, Paris se dote d’un nouveau pôle muséal exceptionnel. En chantier depuis 2001, ce musée est en effet la pièce maîtresse d’un dispositif plus large, les Arts décoratifs, anciennement baptisés Union centrale des Arts décoratifs (Ucad), et qui réunit sur un même site ce musée encyclopédique, dont la collection s’étend du Moyen Âge à nos jours, mais aussi les musées de la mode, de la publicité, et la prestigieuse galerie des bijoux. Visite guidée...
Ouvert en 1905 dans l’aile Marsan du Louvre, le musée des Arts décoratifs est né de la volonté de mécènes et de collectionneurs de faire de Paris une capitale de ces productions, à mi-chemin entre art et industrie. À l’heure des grandes expositions universelles et d’une concurrence internationale effrénée, la capitale devait pouvoir rivaliser avec les autres puissances européennes, qui avaient ouvert des établissements de ce type, tels le Victoria and Albert Museum de Londres ou les musées des arts décoratifs de Vienne et de Budapest. Chacun mettant en valeur une vision nationale, voire nationaliste des arts.
Le renouveau d’une institution
Mais, au fil du temps, alors que le musée bénéficiait d’enrichissements constants grâce aux donations, son parcours était devenu peu lisible et le public n’était plus au rendez-vous. Ce vaste chantier a donc permis de redéfinir totalement la proposition muséographique.
L’aile bordant la rue de Rivoli bâtie par les architectes de Napoléon Ier, Charles Percier et Pierre Fontaine, qui avait elle aussi perdu ses qualités architecturales, a été entièrement reprise dans son
volume intérieur. Les grandes verrières centrales, anciennement occultées, distribuent désormais une lumière abondante dans la grande nef centrale, que le visiteur découvre depuis la salle d’introduction qui la surplombe.
Outre la rénovation des espaces, c’est aussi et avant tout la vision des arts décoratifs qui a été profondément renouvelée. Plus qu’une simple présentation sous un angle historique et esthétique, les 6 000 objets exposés – les collections feront l’objet de rotations fréquentes – sont désormais envisagés dans toutes leurs dimensions, à la fois techniques, usuelles, sociales ou culturelles.
L’originalité des Périod Rooms
Si l’amateur retrouvera ses marques dans le parcours chronologique qui déroule une histoire depuis le Moyen Âge jusqu’à nos jours, le curieux pourra se laisser séduire par la découverte des Period Rooms, des salles dans lesquelles ont été restitués des intérieurs homogènes de différentes époques.
Parmi ces Period Rooms, il s’étonnera devant le « Cabinet des Fables », un ensemble de boiseries des années 1750 provenant d’un boudoir féminin auquel les restaurations ont permis de restituer l’état d’origine. « Virilisé » au xixe siècle par son nouveau propriétaire, le gouverneur militaire de Paris, celui-ci sera présenté dans ses deux états.
Des galeries thématiques permettront enfin d’approfondir certains domaines. Ainsi de cette salle consacrée au frisage, une technique de marqueterie de bois qui joue sur l’inversion des veines des essences précieuses.
Enfin, une galerie d’étude, consacrée à un thème annuel transversal, offrira des rapprochements inattendus sur la base de critères différents, formels, utilitaires ou iconographiques, et dont le premier volet sera intitulé « À quoi ça sert ? ». Une manière de démontrer, dans l’esprit des précurseurs de la modernité de la fin du xixe siècle, que l’art peut aussi être un mode de vie.
1850 Commandée par Napoléon 1er, l’aile Marsan du palais du Louvre est enfin achevée. 1882 Dans la lignée des Expositions universelles, des collectionneurs créent l’Union centrale des Arts décoratifs, soucieux de valoriser les arts appliqués et de tisser un lien entre culture et industrie. 1901 Les Arts décoratifs deviennent association loi 1901. 1905 Inauguration du musée des Arts décoratifs au palais du Louvre. 2006 Fermé en 1996, le musée des Arts décoratifs rouvre ses portes à Paris, 101 ans après sa première inauguration dans l’aile Marsan. Outre un bâtiment rénové, il offre au public une collection restaurée unique en France, ainsi que des partis pris muséographiques originaux.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le public retrouve les Arts déco
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°583 du 1 septembre 2006, avec le titre suivant : Le public retrouve les Arts déco