Une statuette XVIIIe en faïence représentant le roi Louis XV, inspirée d’une statue érigée sur la place Royale de Nancy ; un bol à bouillon en porcelaine dure datant de la révolution brabançonne (1789-1790) dont le couvercle porte les armes du Brabant ; un des plus gros diamants au monde ayant appartenu à l’impératrice Catherine la Grande... autant de pièces rares que les collectionneurs et amateurs de faïences, porcelaines et bijoux pourront admirer pendant cette quinzaine parisienne.
L’homme, de profil, porte le type de toque de fourrure que l’on retrouve dans les toiles d’Ucello ou de Masaccio, au Quattrocento. Exposé par la galerie Lefebvre et fils, le portait trône sur un rare plat en faïence de 1490. Cette faïence exceptionnelle provient de la collection de l’avocat lyonnais Charles Damiron, dispersée au cours des trente dernières années. Elle jouxte une suite de quatre chevrettes à décor polychrome de bouquets de fleurs datant de 1765 et provenant de la fabrique Casali et Callegeri à Pesaro, dans les Marches. Les anses de ces grands pots au décor de petit feu sont en forme de sirène ailées. “Il est très rare de trouver un ensemble de quatre pots verseurs de cette taille et de cette qualité, s’enthousiasme Georges Lefebvre. Ces pièces sont généralement hautes de 20 à 25 cm ; celles que nous présentons ont 20 cm de plus. Elles proviennent d’un apothicaire d’une riche famille italienne et devaient s’inscrire dans un riche décor de boiseries”.
La statuette du XVIIIe siècle en faïence que présente Christophe Perles a pour sujet Louis XV :”Les statuettes provenant de la manufacture de Niderviller, dans l’est de la France, figurent généralement des paysans, des animaux ou illustrent la vie de petits métiers. Il est très rare qu’elles représentent un roi”. L’artiste s’est inspiré d’une statue, aujourd’hui disparue, qui se trouvait à Nancy sur la place Royale. Il existe un autre exemplaire connu de cette statuette au Victoria & Albert Museum, à Londres. La dimension de cette pièce (27,5 cm de haut), son socle très travaillé en font une œuvre magistrale.
Monique Lemaire a découvert un bol à bouillon en porcelaine dure datant de la révolution brabançonne (1789-1790). Sur le couvercle sont représentées les armes du Brabant – un lion –, et sur le bouillon, les armes de Henri van der Noot, chef du courant des Statistes qui, en novembre 1789, a contribué à chasser les Autrichiens et à créer les éphémères États-Unis de Belgique.
Philippe Boucaud propose une réserve à tabac décorée de larges feuilles en polychromie, datant également du XVIIIe siècle. Elle possède un bouchon à vis en étain, avec une anse mobile de transport. Ce type de pot, destiné à conserver le tabac à priser, existait en plusieurs tailles, pour les particuliers ou les marchands : “Traditionnellement attribués à la fabrique de Saint-Omer, ces réserves doivent être plutôt rendues à des fabriques parisiennes, On constate en effet, sur les bouchons en étain, des poinçonnages de Paris toujours postérieurs à 1760 qui n’existaient pas dans le Nord, riche en potiers d’étain à cette époque.”
Vingt siècles de bijoux
De somptueux bijoux scintilleront dans les vitrines des galeries mais aussi sur plusieurs stands de la Biennale, comme cet impressionnant ensemble lydien datant du VIe siècle av. J.-C., découvert par Bernard Blondeel et Armand Deroyan. Il comprend une perle en forme de grenade surmontée d’une déesse debout entre deux lions dressés, un bracelet à tête de lion, un collier de glands et de perles, et plusieurs boucles d’oreilles.
Exposée par Brimo de Laroussilhe, cette bague byzantine beaucoup plus récente (fin VIe-début VIIe siècle) est un bijou de mariage. Sur le chaton, le Christ bénit deux fiancés. L’inscription Omonia – signifiant “concorde et harmonie” – témoigne de la persistance des rites romains du mariage dans l’Empire byzantin. Par la finesse de son décor émaillé et son iconographie, cette pièce peut être rapprochée de la bague de l’ancienne collection De Clercq conservée au Musée du Louvre. À voir aussi, parmi les plus beaux bijoux présentés par Véronique Bamps, un collier en or inspiré de la passementerie signé Tiffany, et réalisé en 1940.
Dans le cadre de leur exposition “Trésors des tsars”, Nicolas et Alexis Kugel présentent un des plus importants diamants au monde, une pierre de plus de 54 carats découverte vers 1760 au Brésil. Taillé en Hollande, ce diamant a appartenu à l’impératrice Catherine la Grande, qui en a fait don à son amant le prince Grigori Potemkine, faisant de lui l’homme le plus puissant de Russie.
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Le Potemkine brille de tous ses feux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°66 du 11 septembre 1998, avec le titre suivant : Le Potemkine brille de tous ses feux