Le 8 novembre, sous les yeux du Premier ministre chinois Li Peng, doivent être mis en place les derniers blocs de béton de la digue préliminaire à la construction d’un barrage détournant le Yang-tsê Kiang (voir le JdA n° 22, février 1996). Cet achèvement relance la polémique suscitée par le chantier, la sauvegarde des sites archéologiques étant loin d’être acquise.
LONDRES. La construction de ce barrage pharaonique sur le Fleuve Bleu devrait créer un lac-réservoir de 663 kilomètres de long, entre Yichang et Chongqing, et élever le niveau du fleuve de cent mètres dans ce secteur. À l’issue des travaux, près de deux millions d’êtres humains, plusieurs grandes villes, 140 communes et 4 500 villages auront été déplacés ou rayés de la carte, le tout pour un coût de 203 milliards de yuans (144 milliards de francs). Presque tous les aspects du projet gouvernemental sont critiqués par ses opposants, et notamment son coût, qu’ils estiment, eux, à 450 milliards de francs. Ils regrettent également que d’autres voies n’aient pas été explorées pour la production d’énergie. Les organisations de défense des droits de l’Homme à travers le monde se sont élevées contre le déplacement forcé d’un nombre aussi considérable de personnes. Tant la Banque mondiale que la Banque américaine d’import-export, un organisme de prêts gouvernemental, ont refusé toute contribution au projet, par peur des risques financiers et des éventuelles violations des droits de l’Homme. Et devant la pression de l’opinion internationale, une grande partie des subventions prévues par le gouvernement chinois pour sauvegarder les sites archéologiques a été versée aux populations déplacées. La protection de quelque mille trois cents sites qui n’ont pu être fouillés et qui se situent sur le tracé du futur lac de barrage, ou l’établissement d’une documentation à leur sujet s’inscrivent désormais en tête des priorités des archéologues. Plusieurs monuments et vestiges se trouvent également dans le secteur. Parmi eux, on compte des ensemble monastiques constitués autour de temples, des villes anciennes et des inscriptions gravées dans la pierre, le long des berges. Les représentants de l’État chinois assurent qu’un budget est prévu pour le déplacement de plusieurs temples importants, tel celui de Qu Yuan, d’époque Qing, et des villes anciennes, comme Dacheng, dans le Sichuan. Cette cité, où subsistent des exemples d’architecture populaire de l’ère des Ming et du début de celle des Qing, a été classée parmi les monuments historiques d’importance nationale. Le sort des sites souterrains qui n’ont pu être fouillés est plus inquiétant, car la perte qu’ils peuvent représenter pour la compréhension de l’évolution culturelle de la Chine est impossible à évaluer. Quatre ou cinq cents des sites qui ont été identifiés devraient être conservés, mais les contraintes de temps et d’argent pourraient amener à en sacrifier la moitié.
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Le patrimoine chinois sous le Yang-tsê Kiang
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°47 du 7 novembre 1997, avec le titre suivant : Le patrimoine chinois sous le Yang-tsê Kiang