Société

Le New Deal culturel de Roosevelt

Dans les années 1930, plus de 10 000 artistes, écrivains, musiciens, gens de scène créent la culture de l’Amérique..

Le président Franklin D. Roosevelt et Harry Hopkins, septembre 1938 © New York World-Telegram and the Sun Newspaper Photograph Collection (Library of Congress)
Le président Franklin D. Roosevelt et Harry Hopkins, septembre 1938.
© New York World-Telegram and the Sun Newspaper Photograph Collection (Library of Congress)

Le « New Deal » (« Nouvelle donne » en français), programme de relance de l’économie américaine par le biais de l’intervention étatique, est imaginé par le président Franklin Roosevelt en 1933 face aux conséquences dramatiques de la crise économique de 1929 aux États-Unis – un taux de chômage à 30 %, un système bancaire en faillite. Si le plan est de courte durée – il prend déjà fin en 1939, peu de temps avant l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale –, il aura néanmoins contribué à la mise en place des fondements d’un système social (notamment un système de retraite, le droit au chômage, le salaire minimum). Ses mesures se déclinent dans les domaines de la politique financière et monétaire, de l’agriculture, de l’industrie et de la lutte contre le chômage avec la création massive d’emplois publics et le lancement de grands travaux. Un volet culturel est également inclus dans le New Deal. Comme le relève cependant Frédéric Martel dans sa note de recherche de l’Université des arts de Zürich, « la politique du New Deal en faveur des arts n’a jamais été conçue comme une politique culturelle. Il s’agit principalement d’un dispositif économique et social de lutte contre le chômage. C’est un programme de “recovery” (rétablissement) et de “relief” (soulagement). Il n’empêche : elle est restée dans l’histoire comme unique en son genre ».

La deuxième phase du plan en particulier, le « Second New Deal », lancé à partir de 1935, fait naître le « WPA » (Works Progress Administration) sous la direction d’un homme de culture, Harry Hopkins, qui conçoit les arts comme un levier en temps de crise et un ferment d’unité pour le peuple américain. Le projet « Federal One » qui en découle va faire appel, avec un budget s’élevant à plus de 27 millions de dollars [soit l’équivalent aujourd’hui de 500 millions de dollars], à plus de 10 000 artistes dans cinq domaines d’activité principaux dont l’écriture (7 000 écrivains, travaillant dans le cadre du Federal Writers’ Project) ; le théâtre (1 200 pièces de théâtre produites et jouées sur tout le territoire des États-Unis dans le cadre du Federal Theatre Project) ; la musique (16 000 musiciens participent au Federal Music Project), et enfin les arts avec jusqu’à 5 300 peintres et sculpteurs employés en 1936. Ces derniers participèrent à un vaste mouvement d’éducation populaire au sein de centres d’art comportant des ateliers ouverts aux enfants et adultes, et créèrent des œuvres sculptées, fresques murales ou peintures pour l’espace public, réalisèrent des reportages photographiques documentant la Grande Dépression (à l’instar de Dorothea Lange). Selon Hopkins, il s’agissait au départ d’« un compromis entre fournir des emplois à des travailleurs dans le besoin et fournir de la culture pour l’Amérique, avec l’accent mis sur le côté social ». Toute une génération d’artistes apparaît dans cet entre-deux-guerres américain : Jackson Pollock ou Mark Rothko bénéficièrent parmi d’autres de ce programme de soutien. De nombreuses institutions culturelles américaines créées durant cette période existent encore aujourd’hui.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°549 du 3 juillet 2020, avec le titre suivant : Le New Deal, levier d’activité et ferment d’unité

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