Née en 1938, Françoise Sabatier est ancien directeur de la Caisse nationale des monuments historiques et des sites (1982-1987), ancien conseiller technique auprès du ministre du Commerce et de l’Artisanat (1988-1990), et commissaire général de la Société d’encouragement aux métiers d’art (Sema) depuis 1991. Elle fait le point sur la future Fondation nationale des métiers d’art, dont la Sema devrait être le \"noyau dur\", et commente pour nous l’actualité du mois.
Où en est le projet de Fondation nationale des métiers d’art annoncé par Jean-Pierre Raffarin, ministre des PME, du Commerce et de l’Artisanat, le 27 septembre 1995 ?
La fondation pourrait voir le jour à la fin de l’année ou au début de 1997. Pour le moment, les professionnels s’expriment sous la forme d’un livre blanc. Ils définissent des priorités pour assurer la conservation et le développement des métiers d’art, dont devraient se dégager des mesures qui feront l’objet de rencontres interministérielles. De plus, afin de développer les partenariats entre secteurs privé et public, Jean-Pierre Raffarin a demandé à Alain-Dominique Perrin, président de Cartier, d’établir un dialogue avec d’éventuels partenaires financiers privés.
Un projet de loi sera-t-il nécessaire pour la création de cette fondation… ou de ce conservatoire, comme cela a été le cas pour la Fondation du Patrimoine ?
Comme l’a dit le ministre, il ne faut pas se focaliser sur le problème de la structure, mais travailler en terme de programme. Cependant, pour Étienne Vatelot, président de la Sema, une fondation semble préférable à un conservatoire. Non seulement ce dernier n’a pas de réalité sur le plan juridique, mais il donne peut-être une image, non pas passéiste des métiers d’art, mais insuffisamment ouverte à la création contemporaine et aux nouvelles technologies.
Quels seront les crédits de l’État ?
Le budget de la Sema sera toujours de 12 millions de francs, mais l’État débloquera 12 millions supplémentaires : 6 millions seront versés au capital de la fondation (pour assurer le capital minimum d’une fondation reconnue d’intérêt public) et 6 autres seront consacrés au Fonds d’encouragement aux métiers d’art (Fema), qui est donc rétabli.
Que signifie le futur "copilotage" du Conseil des métiers d’art, et pourquoi n’a-t-il été nommé cette année que douze Maîtres d’art ?
Le Conseil des métiers d’art, créé en novembre 1994 par Jacques Toubon, reste une structure du ministère de la Culture, mais il a semblé intéressant d’élaborer son programme d’orientation en commun. C’est ce programme qui sera copiloté par la Culture et par la direction de l’Artisanat. Il n’y a eu cette année qu’une douzaine de Maîtres d’art, au lieu de vingt la première année, car le Conseil a tenu à maintenir avant tout le niveau d’excellence du titre.
Le Salon international du Patrimoine, ancien Master Art, ouvre ses portes du 11 au 14 avril, mais une grande manifestation propre aux métiers d’art ne serait-elle pas souhaitable ?
Étant donné la très grande diversité de nos métiers, nous participons à tout un ensemble de manifestations. En outre, les salons sont plus profitables à nos entreprises lorsqu’ils se développent de façon thématique, autour de filières de métiers qui ont des savoir-faire à partager. C’est pourquoi nous avons énormément travaillé sur la nouvelle définition du Salon international du Patrimoine avec l’organisateur (l’OIP), en y greffant une série de manifestations annexes, aussi bien des ateliers de découverte que des colloques internationaux. Nous adoptons la même démarche pour les salons Musicora, Invitation (arts de la table), Ob’art (création contemporaine)… Toutefois, un grand rendez-vous annuel à caractère national ou européen serait effectivement souhaitable, sous réserve de trouver un lieu approprié.
Les maîtres d’art français participeront-ils à la reconstruction de La Fenice ?
C’est possible, puisque Yves Ludin, président de l’association du Viaduc des arts, envisage de publier un livre sur les artisans d’art installés sous les arcades de l’avenue Daumesnil, dont une partie des bénéfices serait reversée, sous forme d’heures de travail, pour la reconstruction de La Fenice, pour à la fois être sûr de la finalité des donations et permettre à des entreprises françaises de participer à ces travaux.
Quelles expositions recommandez-vous ?
Signalons tout d’abord que nous participons aux célébrations du 1 500e anniversaire du baptême de Clovis à Reims avec une exposition sur le thème de "L’eau et la Croix", qui aura lieu du 15 septembre au 15 octobre. J’aimerais aussi recommander la passionnante exposition de photographies de Nathalie Darbellay, à l’Opéra Garnier, qui a suivi le chantier de rénovation de l’Opéra pendant deux ans. Cette "mémoire technique" est un potentiel de connaissances qui est pour nous très précieux. Espérons qu’une démarche similaire sera adoptée pour la reconstruction de La Fenice, que ce soit à l’aide de la photo ou du film.
Et le multimédia ?
Nous travaillons actuellement à deux projets de CD-Rom grand public, l’un sur l’orfèvrerie, l’autre sur la tapisserie. Nous sommes également attentifs à deux projets sur l’Internet. À savoir, l’adaptation du guide Les métiers d’art en France, par Brigitte et Michel de La Torre aux éditions Babylone, et la création d’un serveur à vocation commerciale.
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Le mois vu par Françoise Sabatier, commissaire général de la Société d’encouragement aux métiers d’art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°24 du 1 avril 1996, avec le titre suivant : Le mois vu par Françoise Sabatier, commissaire général de la Société d’encouragement aux métiers d’art