Épinglé par les parlementaires pour ses mauvaises performances immobilières, le ministère de la Culture pourrait devoir déménager en banlieue parisienne après le fiasco de l’opération des Bons Enfants. L’immeuble du Louvre des antiquaires où il aurait pu être relogé doit, finalement, accueillir des personnels du Musée du Louvre.
Paris - « En particulier pourrait être étudié un schéma consistant à chercher un immeuble unique, fonctionnel et performant regroupant les 1 700 agents des services centraux dans une commune limitrophe de Paris correctement desservie par les transports en commun. » Cette petite phrase, glissée dans le nouveau rapport d’information de la Commission des finances de l’Assemblée nationale « sur les suites données aux préconisations de la Mission d’évaluation et de contrôle sur l’immobilier de l’État », rendu public le 6 juin, est l’ultime coup de semonce adressé au ministère de la Culture et de la Communication. Celui-ci est une nouvelle fois épinglé par les rapporteurs, Yves Deniaud (UMP) et Jean-Louis Dumont (PS), pour ses mauvaises performances immobilières, mais aussi pour sa désinvolture dans la gestion du problème.
Fiasco des Bons Enfants
Les principaux griefs sont des conséquences du fiasco de l’opération de l’Immeuble des Bons Enfants, censé regrouper depuis janvier 2005, sans y parvenir, tous les services du ministère, et dont les travaux ont coûté 75 millions d’euros. Le « rendement médiocre » d’occupation de cet immeuble a déjà été souligné par la Cour des Comptes. Le ministère s’est engagé à fournir une étude de densification, qui ne sera disponible qu’en 2009, et envisage d’ y installer 50 à 100 agents supplémentaires. « Il faut noter qu’il y a 3 ans, le ministère indiquait que l’on ne pouvait rien gagner », précise le rapport. Des efforts ont pourtant été fournis, mais pour des résultats contestables. Pour compenser le surcoût des travaux des Bons Enfants, le ministère s’était engagé à céder six immeubles, les plus importants étant les hôtels Kunsky et de Vigny/Croisille, vendus respectivement 38 et 28 millions d’euros. Mais leur cession pose depuis des problèmes de relogement des services – prévisibles – qui n’ont toujours pas été résolus. La médiathèque du Patrimoine devrait ainsi occuper les anciens locaux de l’école d’architecture de Charenton-le-Pont, mais les travaux de réhabilitation du site sont estimés à 10 millions d’euros. La question du relogement des services de la Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles (DMDTS) qui compte 145 agents, et dont le bail, après vente, expire le 30 juin prochain, est plus délicate. C’est sur ce sujet que l’attitude du ministère a particulièrement irrité les députés. Après avoir essuyé un refus de deux ministres du budget successifs pour un relogement dans l’immeuble du Louvre des antiquaires, soit en face des Bons Enfants, la Rue de Valois a demandé un arbitrage au Premier ministre, afin d’obtenir gain de cause pour une installation de la DMDTS au 62, rue Beaubourg. Court-circuitant ainsi les processus de décision de France Domaine, qui avait en main une liste d’immeubles disponibles. France Domaine a donc émis un avis défavorable pour plusieurs motifs, dont la durée du bail, jugée trop longue (6 ans) dans le contexte de réduction des effectifs de la RGPP. Les arguments avancés par le ministère — « prestige », « confort » et « proximité » avec la Rue de Valois — ont achevé de fâcher les députés qui s’interrogent : « le ministère peut-il raisonnablement affirmer que les quelque 1 700 agents de son administration centrale participent directement au pilotage stratégique de la politique ? » Cerise sur le gâteau, l’occupation de l’immeuble du Louvre des antiquaires « serait en passe d’être accordée pour l’Établissement public du musée du Louvre », ce qui montre, poursuit le rapport « comment des ministères tentent de contourner les disciplines imposées à leurs services administratifs. » Cette litanie s’achève par une interrogation sur le bien-fondé du maintien de l’occupation des Bons Enfants et sur l’idée de regrouper l’ensemble des services en banlieue parisienne. Notons que les lieux risquent d’être encore moins luxueux si une autre proposition du rapport est adoptée : supprimer la règle du retour de 85 % du produit des cessions au ministère concerné !
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Le ministère de la Culture en banlieue ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°284 du 20 juin 2008, avec le titre suivant : Le ministère de la Culture en banlieue ?