Malgré la pluie, les conférences des invités mexicains ont fait le plein à Fontainebleau durant les trois jours du Festival d’histoire de l’art.
Île-de-France. Salle comble au Festival d’histoire de l’art de Fontainebleau, samedi premier juin, pour une conférence de Rita Eder – professeur à l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM) – sur Frida Kahlo. Le temps automnal n’a pas freiné les festivaliers, venus en nombre écouter cette présentation sur les inspirations scientifiques de la peintre mexicaine : « On connaît bien la biographie de Frida Kahlo, mais maintenant il faut regarder ses peintures », relevait l’historienne de l’art, rapprochant durant une heure les œuvres de la plus célèbre artiste mexicaine avec des planches anatomiques et observations astronomiques.
Si les invités mexicains restaient bien moins connus du public français que les professionnels et artistes conviés lors des éditions précédentes, les conférences ont accueilli un public nombreux, parfois attiré par le pays plus que par l’histoire de l’art. Ainsi de la conférence d’ouverture, confiée à l’artiste Mario Garcia Torres (né en 1970), en forme de « psychanalyse » selon Veerle Thielemans, directrice du Festival : « On aurait pu choisir des gens un peu plus connus, explique-t-elle, mais il a une réflexion très fine, sur l’histoire, sur la façon dont le passé reste actif. »
La profondeur chronologique du cycle de conférences couvrait trois millénaires, avec de nombreuses interventions archéologiques, jusqu’aux muralistes des années 1950 et à l’art contemporain. « Cette perspective historique est importante, elle est attendue par les historiens de l’art français », souligne la directrice. Car l’approche mexicaine de l’art a également bousculé les catégories et les approches européennes de la discipline durant ces trois jours.
La table-ronde « Art, artisanat ou art populaire, catégories obsolètes pour les communautés mexicaines » démontrait ainsi l’inadéquation entre les catégories occidentales et les productions des peuples autochtones. Contraste saisissant, c’est sous le plafond de la chapelle de la Trinité peint par Martin Fréminet (1567-1619) que les conférenciers mexicains défendaient les productions injustement qualifiées d’« artisanales ». Alejandro de Avila Bloomberg, directeur du Musée du textile d’Oaxaca, montrait ainsi comment la pratique et l’expérimentation permettaient une meilleure compréhension d’œuvres tissées longtemps méprisées. Octavio Murillo, directeur de l’Institut des peuples autochtones, retraçait l’histoire politique de termes comme « indigènes » « arts nationaux » ou « arts mexicains », pour démontrer leur inadaptation à la réalité culturelle du Mexique, qui compte plusieurs centaines de langues, et de peuples autochtones.
Autre thème de cette édition, le sport a plus difficilement trouvé son public, malgré des conférences en prise avec l’actualité de la recherche, liant la pratique sportive aux questions des corps, du statut des images, de la propagande, ou de la patrimonialisation de fonds techniques et symboliques. L’ouverture au grand public reste un défi pour la manifestation, « il faut que ceux qui viennent faire un atelier, visitent les jardins, poussent ensuite les portes des conférences », ambitionne Veerle Thielemans. L’édition 2024 proposait ainsi quelques parcours de conférences thématisés pour défricher la programmation pléthorique du Festival. Cette dernière sera « plus sélective » l’année prochaine, pour une édition consacrée au thème du « Vrai/Faux » avec pour invitée l’Autriche.
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Le Mexique, invité remarqué du Festival d’Histoire de l’Art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°635 du 7 juin 2024, avec le titre suivant : Le Mexique, invité remarqué du Festival d’Histoire de l’Art