VENISE / ITALIE
Rabat (Maroc). Le ministère marocain de la Culture a annoncé le 28 mars l’annulation du pavillon national à la 60e Biennale d’art de Venise, sans autre explication.
Il s’agit de l’ultime rebondissement d’une saga qui avait vu un changement de l’équipe curatoriale en janvier. L’annonce de la participation du Maroc en septembre 2023 constituait un événement pour ce pays qui n’a jamais présenté de pavillon national à la Biennale. Une équipe de trois artistes et deux commissaires centrée autour du peintre et écrivain Mahi Binebine (né en 1959) avait commencé à travailler « avec le soutien du ministère de la Culture », comme le soulignait l’artiste dans un article publié sur le site du Journal des Arts le 22 janvier. À l’époque le ministère avait donné son accord pour des repérages à Venise à l’automne 2023, mais à la mi-janvier 2024 le projet a été mis à l’arrêt. Le ministère avait annoncé à Binebine qu’une deuxième équipe artistique avait été chargée du pavillon national et travaillait en parallèle. Le nom de la commissaire, Mouna Mekouar, a été évoqué comme étant à la tête de cette nouvelle équipe, mais l’intéressée n’a jamais confirmé. Mais selon Mahi Binebine, la curatrice dirigeait bien la deuxième équipe, avec entre autres « la jeune artiste Meryem Bennani ».
Après des semaines d’atermoiements a donc été annoncée l’annulation de la participation du Maroc à la Biennale de Venise. Sa direction se contente de confirmer que « le Maroc ne fait plus partie de la liste des pavillons nationaux ». Contacté, Mahi Binebine y voit la preuve de « l’amateurisme » du ministère et la mainmise de Mehdi Qotbi, puissant directeur des musées du Maroc. Cette hypothèse avait été avancée dès février par nos confrères du mensuel Jeune Afrique ainsi que par plusieurs médias marocains. D’après Binebine, Mehdi Qotbi aurait « fait pression sur le cabinet royal » qui serait lui-même intervenu au ministère pour « virer » la première équipe et prendre le contrôle sur le pavillon national. Au final, toujours selon l’artiste, Mouna Mekouar aurait « jeté l’éponge » en mars, entraînant l’abandon définitif du projet un mois avant l’inauguration. Mahi Binebine confirme que le ministère de la Culture a proposé de rembourser les frais engagés par les artistes, mais ajoute que « rien n’a été fait à ce jour », fin mars. Si le ministère a proposé d’exposer ultérieurement une partie des œuvres réalisées, Binebine retient avant tout « l’ampleur du gâchis » dans cette affaire.
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Le Maroc annule son pavillon à Venise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°631 du 12 avril 2024, avec le titre suivant : Le Maroc annule son pavillon à Venise