Un rapport de l’Arcom souligne les tensions dans un secteur évalué à 1,37 milliard d’euros.
France. L’avènement du numérique a bouleversé la production, la diffusion, la circulation et les usages de la photographie. Les conséquences sur l’écosystème du médium et les revenus des photographes ont déjà fait l’objet de rapports, mais la récente étude de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) apporte des informations complémentaires. Elle renseigne en particulier sur la taille du marché de la photographie évalué à 1,37 milliard d’euros en 2019 et la répartition du chiffre d’affaires entre les différentes catégories qui le compose [voir tableau ci-dessous].
L’étude de l’Arcom éclaire aussi sur les modes d’utilisation de la photographie en ligne. L’usage se fait ainsi essentiellement dans un cadre privé, 25 % dans un cadre professionnel et 9 % dans un cadre académique (enseignements, recherche). La plupart des internautes ne s’acquittent, par ailleurs, d’aucun paiement que ce soit dans le cadre privé ou académique (86 %) que professionnel (65 %). La proportion de photographies (85 %) qui circulent en ligne sans métadonnées, donc sans possibilité d’identifier l’auteur ou l’ayant droit, atteint 85 %, les éditeurs et diffuseurs les écrasant bien souvent.
La banalisation de la photographie induite par la production et la consommation de masse aboutit ainsi « à une perception amoindrie de la photographie protégée par le droit d’auteur contrairement à la musique et au cinéma où le droit d’auteur est mieux respecté. Et lorsque l’usage est payant, le budget, pour un panier moyen annuel, s’élève à 114 euros dans le cadre professionnel, 99 euros dans le cadre privé et 54 euros dans le cadre académique », souligne Raphaël Berger, directeur de la création de l’Arcom (issu de la fusion depuis le 1er janvier 2022 du CSA et d’Hadopi).
Face à cette situation, « les enjeux de protection et de monétisation des œuvres pour garantir aux photographes les revenus qu’ils devraient tirer de l’exploitation de leurs images en ligne s’avèrent donc cruciaux. » Ils le sont d’autant plus que leurs revenus sont en baisse (-18 % selon le rapport « Racine ») et que « l’écosystème de la photographie connaît de profondes mutations structurelles depuis le début des années 2000 sous le triple effet de l’explosion de la production et de la consommation de photographies, de la facilité de circulation des images et du besoin renforcé de contenus visuels induits par le numérique ». Des tendances de fond catalysées par la crise sanitaire, relève l’étude, avec pour conséquence des prix tirés vers le bas pour la photographie d’illustration ou d’information.
Catégorie | Description | CA 2019 |
Photographie sociale | Mariage, portraits scolaires, photos d’identité et travaux des particuliers | 540 millions € |
Photographie d’illustration | Activités liées aux agences photographiques d’illustration, banques d’images, microstocks et commandes des entreprises et de l’édition | 430 millions € |
Photographie artistique ou de création | Éditions de livres de photos d’art, ventes aux enchères, galeries d’art, photographies de décoration et commandes publiques | 260 millions € |
Photographie d’information | Agences photographiques et commandes des éditeurs de presse | 140 millions € |
TOTAL | 1,370 milliard € | |
Source : Estimations Arcom d’après PMP sur sources marchés et entretiens, PMP correspondant au cabinet de conseil PMP (Performance Management Partner) |
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Le marché de la photographie à l’épreuve du numérique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°592 du 24 juin 2022, avec le titre suivant : Le marché de la photographie à l’épreuve du numérique