Des problèmes de droits de succession ont retardé l’entrée dans les collections publiques britanniques d’une centaine de dessins de grands maîtres : Cranach, Baldung, Parmesan, Poussin... Le legs de certains d’entre eux à des musées étrangers était à la source du litige.
LONDRES (de notre correspondant). Le legs d’un important ensemble de dessins de maîtres anciens offert au British Museum a été retardé pour des raisons fiscales. Rassemblés par Edmund Schilling, ces dessins ont finalement été reçus par le musée, où ils sont exposés jusqu’au 4 janvier. Si la plupart sont l’œuvre d’artistes allemands tels que Cranach, Baldung et Beham, on compte aussi des dessins du Parmesan, de Stefano della Bella, de Hoefnagel ou encore de Poussin. Edmund Schilling a fui l’Allemagne nazie pour Londres, où il est mort en 1974. Il avait confié sa collection à sa femme Rosi, en lui indiquant sa destination finale. Décédée il y a quatre ans, Rosi Schilling a légué cent cinq dessins au British Museum et dix-huit autres à des collections publiques à l’étranger : un à la National Gallery of Art de Washington, un autre à l’Öffentliche Kunstsammlungen de Bâle et les seize derniers à des musées allemands, à Augsbourg, Berlin, Francfort, Munich et Nuremberg. Malheureusement, Rosi Schilling semblait ignorer que si au Royaume-Uni les œuvres d’art peuvent être léguées à des collections publiques sans droits de succession, tel n’est pas le cas pour les donations effectuées au bénéfice de musées étrangers. Les actifs de la succession se sont révélés insuffisants pour acquitter les droits réclamés sur les dix-huit dessins. Finalement, un accord est intervenu, en vertu duquel deux des œuvres destinées au British Museum ont été officiellement acceptées en dation par le gouvernement, puis rétrocédées au musée. Il s’agit de l’Ange debout de Schongauer et du Chasseur trouvant un nouveau-né de Breu, estimées 240 000 livres au total (environ 2,28 millions de francs). Sir Denis Mahon s’est certainement trouvé confronté à des problèmes similaires lorsqu’il a décidé de retirer trois tableaux de la Walker Art Gallery pour protester contre l’instauration d’un droit d’entrée. Il a préféré donner les œuvres à la National Gallery of Ireland, à Dublin, où elles sont présentées dans le cadre d’une exposition exceptionnelle jusqu’au 31 décembre. Un accord préalable a sans doute été conclu afin de pallier tout problème fiscal pouvant découler du transfert des œuvres de Liverpool à Dublin.
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Le legs Schilling au British Museum
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°47 du 7 novembre 1997, avec le titre suivant : Le legs Schilling au British Museum