Le château d’Aubenas devient un centre d’art contemporain

Aubenas (Ardèche). Une nouvelle vie s’annonce pour le château d’Aubenas avec la création d’un centre d’art contemporain en ses murs. À un mois et demi de l’inauguration, le 5 juillet prochain, la restauration de l’imposant château de style composite touche à sa fin. Elle a redonné une belle prestance à l’édifice emblématique de la ville construit sur un piton rocheux. Les différentes parties du site, dont les plus anciennes remontent au XIIIe siècle, ont fait l’objet d’une importante campagne de réhabilitation qui a duré sept ans.

Remanié par ses propriétaires successifs et déclaré bien national en 1792, le château est la propriété de la Ville depuis 1810. Pendant deux siècles, il a connu plusieurs aménagements et ajouts liés aux diverses affectations qu’il a connues. « Le départ, en 2014, des tribunaux qui occupaient une grande partie des espaces nous a donné la maîtrise totale du château », explique Jean-Yves Meyer, maire d’Aubenas depuis 2018 (DVD), et en charge de la culture pendant vingt ans. « La Ville ne pouvait porter à elle seule sa rénovation. Nous avons donc travaillé avec les services de la Drac à un projet pour obtenir des aides, et nous sommes arrivés à la conclusion qu’un centre d’art contemporain était justifié puisqu’aucune structure de ce type n’existait en Ardèche. » Il faut effectivement aller dans les départements limitrophes, à Montélimar, Valences, Nîmes, Thiers ou Clermont-Ferrand pour trouver des musées.

Si le château a fait l’objet au cours du XXe siècle de différentes campagnes de restauration, aucune n’a été de cette envergure. Le budget de rénovation et d’adaptation du château à ses nouvelles fonctions s’élève à 12,6 millions d’euros, financés à 56 % par des subventions allouées par l’État et la Drac, la Région Rhône-Alpes, le Département de l’Ardèche et la communauté de communes du bassin d’Aubenas. Pour les 44 % restants, la Ville a souscrit un emprunt.

Façades, toitures, tours, donjons, cours, terrasses et intérieurs relevant du Moyen Âge, de la Renaissance et du XVIIIe siècle ont été totalement remis en état ; des ascenseurs ont été installés et des espaces d’exposition aménagés pour le centre d’art. D’une superficie globale de 3 000 m2, ses espaces offrent, sur trois niveaux, près de 1 500 m2 de salles d’exposition.

L’équipe du centre d’art se compose de treize personnes avec à sa direction, Victor Secretan, ancien commissaire au Mo.Co, à Montpellier. Depuis février 2023, il a travaillé à la programmation et a posé les bases d’une politique d’éducation artistique et culturelle, tout en tissant des liens avec plusieurs structures culturelles locales, telles que l’association Format (producteur de spectacles situé à Aubenas), le théâtre de Privas ou l’association culturelle Sur le Sentier des Lauzes à Saint-Mélany qui fait intervenir des artistes de renom (Guiseppe Penone, Gilles Clément, Christian Lapie…). Aubenas (12 000 habitants) se situe en effet dans un territoire avec une poignée d’acteurs culturels spécialisés dans l’art contemporain, comme le château de Vogüé, la galerie Mirabilia et la Fabrique d’Aleyrac. « Nous avons intégré le réseau des Échappées qui regroupe une dizaine de lieux d’art en Ardèche allant du Musée des Vans au GAC d’Annonay en passant par le Sentier des Lauzes », précise Victor Secretan.

Pour son fonctionnement, le centre d’art bénéficie en 2024 d’un budget alloué par la Ville de 1,1 million d’euros – dont 60 000 euros de la Drac et 60 000 euros de la Région et du Département. Jean-Yves Meyer espère à terme ramener la part de financement de la Ville à 50 % (au lieu de 90 %), en comptant sur un accroissement des subventions publiques et sur les bénéfices de la billetterie (sur une base de 50 000 visiteurs par an), la location des espaces du château et le mécénat. « Un pass annuel de 12 euros donnera aux habitants d’Aubenas un accès permanent aux expositions du centre d’art et aux visites patrimoniales », souligne Victor Secretan.

L’ inauguration du centre d’art, début juillet, lèvera le voile sur les deux expositions d’ouverture : « Habiter le monde » et « Gérard Lattier ». Cette programmation « entend montrer la pluralité des médiums, des formes et des récits de l’art contemporain », selon le directeur. Pour « Habiter le monde », il a réuni des œuvres de Hicham Berrada, Bianca Bondi, Céleste Boursier-Mougenot, Ruben Brulat, Seyni Awa Camara, Daniel Crews-Chubb, Gino De Dominicis, Sheila Hicks, Vojtech Kovarík, Yein Lee et Kiki Smith. Certaines ont été produites par le centre d’art lui-même. Un film sur le château et sa restauration a également été commandé au photographe Grégoire Édouard, originaire des Vans, en Ardèche.

La monographie consacrée au peintre et conteur Gérard Lattier présentera un ensemble de contes picturaux sur l’histoire de l’Ardèche ou fondés sur des légendes ardéchoises. À partir de l’automne, suivront la photographe Vanessa Winship, une exposition sur le manga et une autre du duo d’artistes Île / Mer / Froid, actuellement en résidence l’atelier-refuge du Sentier des Lauzes.