Une des rares pièces provenant du trésor de la Jewel House d’Henri VIII a été identifiée à Florence, dans le trésor de l’église San Lorenzo. Il s’agit d’une grande coupe en cristal de roche, à monture d’argent, qui sert de reliquaire depuis près de cinq siècles. Elle aurait été offerte par Henri VIII au pape, avant sa rupture avec Rome, et envoyée peu après à l’église San Lorenzo, l’église des Médicis à Florence, où elle est exposée au public.
LONDRES (de notre correspondant) - Expert en argenterie auprès de l’antiquaire londonien Partridge, Timothy Schroder vient de publier le récit de sa découverte, l’une des plus importantes qui aient été faites en matière d’orfèvrerie anglaise, dans le numéro de juin du Burlington Magazine. C’est lors de l’exposition "Le siècle de Laurent de Médicis", présentée à l’Accademia Italiana de Londres, que Timothy Schroder a pu identifier le reliquaire, grâce à un poinçon d’orfèvre qui en fait remonter l’exécution à 1511-1512.
Il aurait pu être offert à l’un des trois papes de la famille Médicis, Jules II, Léon X ou Clément VII, et figurait en 1532 au nombre des quarante-cinq reliquaires donnés par Clément VII à l’église San Lorenzo de Florence. La coupe a été taillée, sans doute à Venise ou à Paris, dans un grand bloc de cristal de roche et sertie dans une monture d’argent doré rehaussée d’émail, exécutée par des orfèvres anglais. Elle mesure environ 33 cm et pèse un peu plus de 2 kilos. L’objet était jusqu’alors attribué à un orfèvre siennois du XVe siècle, Francesco d’Antonio.
La plupart des pièces ont été fondues ou perdues
Henri VIII a sans doute été le plus grand mécène royal des orfèvres anglais, et l’on croyait que presque toutes les pièces exécutées à sa demande avaient été fondues ou perdues. On ne connaît plus que trois objets ayant appartenu à sa Jewel House : une coupe en or et en émail, conservée au British Museum, une horloge-salière en argent, qui fait partie de la collection Goldsmith, et un bol en cristal de roche à monture d’or, qui se trouve au Residenzmuseum de Munich.
Le fait qu’on ait envoyé d’Angleterre une coupe en cristal de roche, vraisemblablement façonnée en Italie, et dont le décor en argent comportait des putti dans le goût italien, n’est sans doute qu’une coïncidence, mais ces deux caractéristiques ont égaré les spécialistes. Ceux-ci ont pensé que l’élégante pièce d’orfèvrerie avait été exécutée dès l’origine pour servir de reliquaire, et l’idée qu’il s’agissait d’une coupe à boire anglaise, destinée à un usage séculier, ne les a pas effleurés.
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Le cadeau d’Henri VIII au pape
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°16 du 1 juillet 1995, avec le titre suivant : Le cadeau d’Henri VIII au pape