Inaugurée le vendredi, interdite le lundi, tel est le triste sort de l’exposition de l’Atelier van Lieshout, « Le bon, la brute et le truand », qui devait se prolonger tout l’été à Rabastens, dans le Tarn.
RABASTENS - Rien ne laissait présager le vendredi 5 juin, jour de l’inauguration de l’exposition de l’Atelier van Lieshout, qu’elle serait interdite moins de trois jours plus tard. Thierry Carcenac, président du Conseil général du Tarn, Bernard Raynaud, vice-président du Conseil régional Midi-Pyrénées, Gérard Baïsse, adjoint à la Culture, et le commissaire de l’exposition Pascal Pique, directeur pour l’Art contemporain aux Abattoirs, Espace d’art moderne et contemporain de Toulouse et Midi-Pyrénées, avaient, du haut de la tribune, salué l’engagement d’une commune de quatre mille habitants pour l’art contemporain. Après Francis Bacon au Musée du pays rabastinois et Daniel Buren dans la ville en 1997, Rabastens devait respectivement accueillir cette année Matisse et l’Atelier van Lieshout. Créé à Rotterdam par l’artiste néerlandais Joep van Lieshout, né en 1963, l’Atelier bénéficie déjà d’une belle reconnaissance internationale, avec notamment une exposition l’année dernière au Musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam. L’exposition de Rabastens, répartie sur trois lieux – dans la cour de l’Hôtel de ville, au musée et Promenade des Lices –, réunissait une quinzaine d’œuvres qui, selon l’artiste, “sont à la frontière de l’art, du design et de l’architecture”. Faisant référence au film de Sergio Leone Le bon, la brute et le truand, elle présentait notamment un nouvel Atelier des armes et de la bombe, des Ateliers des alcools et des médecines et une spectaculaire Mercedes avec canon AVL 57 mm, pièces paisiblement évocatrices à visiter comme des studios de cinéma. D’ailleurs, le samedi 6 juin au matin, jour de marché, commerçants et clients semblaient plutôt intrigués et amusés par l’exposition, qui faisait le bonheur des enfants. Pour l’accompagner, textes explicatifs, visites et conférence de l’artiste étaient même proposés aux habitants. Lundi, pourtant, et dans le plus grand secret, Alain Brest, maire PS de Rabastens, “considérant qu’il s’agit là non d’une interpellation artistique (sic) mais d’un acte de provocation délibéré vis,-à-vis des Rabastinois”, interdisait l’exposition, avant que toutes les œuvres ne soient enlevées. Face à cet acte de censure, l’Atelier van Lieshout a déploré une “incompréhension totale de la signification universelle de l’art contemporain”. Espérons qu’elle trouve rapidement un autre lieu d’accueil.
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Le bon et la brute
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°63 du 19 juin 1998, avec le titre suivant : Le bon et la brute