Laurence Fligny : « Grand intérêt pour les émaux limousins »

À l’exception de la statuaire, quelle autre branche de l’art de la Haute Époque éveille un vif intérêt international ?
Il y a un très grand intérêt pour les émaux français champlevés et les émaux peints de grande qualité dont le plus grand centre de production est en France, à Limoges. Les émaux limousins du Moyen Âge sont aussi rares que la belle sculpture de la même époque. Ils valent chers car les pièces les plus somptueuses sont déjà dans les musées. Les collectionneurs américains et flamands en sont friands, avec une préférence pour les sujets profanes dans les émaux peints. Lors de la prochaine vente du 17 octobre à Drouot chez Piasa, je présente une pièce importante de Limoges, provenant de la collection Cottreau : une coupe et son couvercle, de 20 cm de diamètre, en émail peint d’un décor de scène de bataille avec combats de cavaliers en grisaille avec rehauts d’or et de rose pour les carnations. Le couvercle présente plusieurs scènes tirées de l’histoire de Joseph. Cette pièce importante est attribuée à Jean III Pénicaud et sa réalisation date du troisième quart du XVIe siècle. Estimée 35 000 à 45 000 euros, elle est en très bon état de conservation et pourrait très bien trouver sa place dans une collection américaine. Dans la même vente, sera proposé un rare modèle de petite salière limousine de 12,7 cm, en émail peint polychrome, monogrammée IC au revers de la base, datant du 4e quart du XVIe siècle et estimée 6 000 euros. Son décor principal de jeux d’enfants avec animaux est enrichi de motifs tirés de l’Antiquité classique tels que des mascarons, têtes d’angelots, draperies, termes et chutes de fruits.