MAGDEBURG / ALLEMAGNE
Le troisième programme de financement accorde une attention particulière aux objets venant de Chine.
L’Allemagne répond une nouvelle fois à la demande accrue de transparence sur ses collections d'époque coloniale. Le Centre pour la disparition de biens culturels (Deutsches Zentrum Kulturgutverluste), financé par l’Etat fédéral, va allouer 1,1 million d'euros aux musées pour leur recherche de provenance. Cette troisième session, annoncée le 22 octobre 2020, soutien huit projets.
Pour la première fois des institutions possédant des collections d'art chinois entre dans le programme. Un groupe de quatre musées de la région côtière allemande a ainsi obtenu environ 78 000 euros pour financer des travaux sur une centaine d’objets venant de Chine. La recherche se fait en coopération avec des scientifiques chinois. L’initiative est venue des institutions elles-mêmes. Officiellement, aucune demande n'a été faite par la Chine.
Ceux-ci proviennent de l’ancienne concession allemande de Kiautschou et de sa capitale, Qingdao, sur la baie chinoise de Jiaozhou. Cette région du nord-est de la Chine était l'un des lieux de la Révolte des Boxers de 1899-1901, un mouvement dirigé contre le pouvoir féodal en place et surtout contre les puissances occidentales présentes en Chine. Le programme vise à réévaluer les conditions dans lesquelles les objets, jusqu’à présent classés comme « souvenirs marins », sont entrés dans les collections des musées allemands.
Un programme très récent selon les propos d’une porte-parole du Deutsches Zentrum Kulturgutverluste au Journal des Arts : « [C’est] une tâche complexe et de longue haleine, car la source est souvent difficile à trouver et les chercheurs travaillent souvent dans des réseaux internationaux. »
Toujours l’Afrique
Les autres projets bénéficiaires des subventions sont menés par le Musée d'ethnologie de Dresde et le Musée d'ethnologie Grassi de Leipzig, qui font des recherches communes sur 700 objets provenant du Togo, en Afrique. L'Université de Fribourg va effectuer des recherches sur une importante collection de dépouilles humains. Le Musée maritime allemand et l'Institut Leibniz d'histoire maritime se pencheront sur le rôle de la grande compagnie de navigation allemande Llyod lors des périodes coloniales allemandes.
Le Centre continue par ailleurs à financer le Musée des Cinq Continents à Munich, dans sa recherche de provenance concernant la collection d’un ancien officier colonial du Cameroun, ainsi que et le Musée d'outre-mer de Brême qui doit décider que faire des crânes qu’il détient provenant de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Un organisme travaillant à l’origine sur les spoliations nazies
Le Deutsches Zentrum Kulturgutverluste a été créé à l’origine en 2015 pour enquêter sur les objets entrés dans les collections publiques à l'époque nazie. La section de recherche sur l’époque coloniale est instaurée en 2019, quelques mois après l’appel d’universitaires et d’artistes (dont le Français Kader Attia) demandant un accès sans restriction aux inventaires des musées allemands pour « apporter de nouvelles connaissances et faire un travail de mémoire dans les sociétés post-coloniales ». Le centre présente les résultats des projets de recherche dans sa banque de données Proveana.
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L’Allemagne alloue 1,1 M€ pour enquêter sur la provenance d’objets dans ses collections
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