Le marché des arts africains est au plus haut pour les pièces exceptionnelles du Gabon, de Côte d’Ivoire, du Congo ou du Bénin.
Le marché de l’art parisien rayonne avec ses ventes d’arts premiers. Le succès de la dispersion de la collection Pierre et Claude Vérité les 17 et 18 juin 2006 à Drouot restera inscrit dans les annales, avec un total de 44 millions d’euros pour un peu plus de 500 lots, soit un record mondial pour une vente d’arts primitifs. À l’issue de cette dispersion, huit enchères supérieures à un million d’euros ont été enregistrées. Les objets Fang du Gabon ont décroché des prix extraordinaires, culminant à 5,9 millions d’euros pour un masque Ngil des Fang du Gabon, lequel a rejoint une collection française. Une tête Fang, en bois et cuivre, a été adjugée 1,65 million d’euros. L’art de la Côte d’Ivoire a vu s’envoler une statue Deble Senoufo pour 2,95 millions d’euros et un masque Nda Baoulé pour 1,3 million d’euros. 2,24 millions d’euros ont été atteints par une divinité Nimba Baga monumentale en bois dur de Guinée. Enfin, deux statues Kuyu du Congo ont aussi franchi la barre du million d’euros.
L’année précédente, plusieurs pièces d’importance de l’ancienne collection Bela Hein avaient vu leurs prix s’enflammer. Le 6 juin 2005, à Drouot (SVV Fraysse), un somptueux masque Lega en ivoire a été enlevé pour 2,4 millions d’euros. Une statuette et une tête Lega ont été vendues respectivement 420 000 et 456 000 euros. Confirmant la montée de l’art Dogon du Mali qui est resté longtemps sous-coté par rapport aux pièces du Gabon ou de Côte d’Ivoire, une coupe Dogon à cavalier est partie à 504 000 euros. Une autre statue Dogon, issue de l’ancienne collection René Rasmussen et du Musée Barbier-Mueller de Genève, est montée à 145 830 euros le 9 juin 2005 à Drouot (SVV Calmels-Cohen).
Sotheby’s a fait des arts premiers l’une de ses principales spécialités à Paris. Le 6 juin 2005, pour sa 4e vente parisienne, l’auctioneer a cédé un masque Punu du Gabon, emporté 594 400 euros. Un appui-tête Luba-Shankadi du Congo attribué au « Maître de la coiffure en cascade » a été adjugé 1,356 million d’euros. Ce record mondial pour une sculpture Luba a été battu le 5 décembre 2006, chez Sotheby’s, par un autre appui-tête de la même main pour 1,524 million d’euros. Dans cette dernière vacation, une maternité Luluwa du Kasaï occidental au Congo a atteint le record de 482 400 euros.
La collection américaine Saul et Marsha Stanoff offerte par Sotheby’s le 17 mai 2007 à New York a marqué le premier semestre de cette année. Un cimier Tungunga des Bamum du Cameroun et un masque Grebo de Côte d’Ivoire, qui ont appartenu tous deux à Maurice de Vlaminck, ont été respectivement adjugés 1,6 million de dollars (1,16 million d’euros) et 768 000 dollars. Plusieurs records pour l’Afrique ont également été établis : un tabouret à caryatides Hemba du Congo, emporté au double de son estimation à 1,16 million de dollars, et une sculpture Lega vendue à 312 000 dollars, six fois son estimation haute. De tels chefs-d’œuvre sont souvent exposés à la Biennale des Antiquaires de Paris, le Parcours des Mondes (du 11 au 16 septembre 2007, lire p. 24) étant généralement réservé aux objets de qualité moins prestigieuse.
Les objets du Bénin, en bronze ou ivoire, du XVIe au XVIIe siècle, fascinent les amateurs d’art. La tradition raconte qu’au Bénin, la coutume était de décapiter les rois vaincus. Leur tête était offerte à l’Oba (dirigeant de l’ancien royaume du Bénin) vainqueur qui la confiait aux artisans bronziers. Ces têtes d’Oba en bronze qui supportaient des défenses d’éléphants sculptées, étaient fabriquées par paire que l’on plaçait sur des autels. La rarissime tête d’Oba en bronze de la collection Albright-Knox (illu. ci-contre), vendue chez Sotheby’s le 17 mai 2007 à New York pour le prix record de 4,74 millions de dollars, est une merveille. Collectée par un membre de l’expédition punitive britannique qui a envahit le Bénin entre 1897 et 1932, elle avait été acquise par Louis Carré et Charles Ratton en 1932 avant d’être achetée par le Musée de Buffalo à la galerie new-yorkaise Knoedler en 1935. Exposée dans diverses expositions internationales sur l’art du royaume du Bénin entre 1935 et 2005, elle est référencée dans de nombreux ouvrages. Elle est datée de la fin XVIe-début XVIIe siècle, c’est-à-dire à l’apogée de l’art du Bénin. Son pendant est conservé au British Museum à Londres. Cette tête est l’une des dernières en mains privées.
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L’Afrique au sommet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°264 du 7 septembre 2007, avec le titre suivant : L’Afrique au sommet