Alain Lardet a consacré sa carrière à la promotion des meubles et objets de design au sein de Mobilier International, Castelli, puis de Danese France qu’il a créé en 1985. Parallèlement, il a participé à la création de la Bourse Agora, dont il est membre permanent du jury, et à celle de l’Association de Développement du Design (ADD), qui a organisé Designer’s Saturday en France. Il est aujourd’hui directeur général de Frau France, filiale de la société italienne Poltrona Frau qui vient de fabriquer les sièges de l’auditorium du Getty Center à Los Angeles, sur un dessin de Richard Meier. En France, l’entreprise réalise actuellement les fauteuils et les pupitres de l’hémicycle et des salles de conférences du Parlement européen de Strasbourg, et les sièges du Phénix, Scène nationale de Valenciennes. Alain Lardet commente l’actualité.
Avec les téléphones portables, le multimédia a été la vedette des cadeaux de fin d’année. Pensez-vous que l’Internet soit un vecteur de développement pour votre activité ?
Poltona Frau a déjà un site, car nous pensons que l’Internet est d’ores et déjà un vecteur de communication incontournable. Je pense que dans notre pays, ce sera un petit peu long à démarrer. En revanche, en Italie où le nom de Frau est très connu, il existe un public potentiel important qui peut déjà consulter le site. L’Internet peut nous permettre une mise à jour de nos informations pour les professionnels. Quand les architectes et les architectes d’intérieur seront équipés et auront l’habitude de consulter des sites Internet, alors je pense que nous pourrons leur apporter à domicile un grand nombre d’informations sur les ressources de la collection et sur les éléments techniques.
Le British Museum a décidé de ne plus prêter d’œuvres d’art à l’étranger pour alléger ses dépenses et permettre ainsi le maintien de la gratuité d’entrée. Qu’en pensez-vous ?
Il est très dommage qu’il n’ait pas trouvé d’autre moyen. Le maintien de la gratuité est une bonne chose. La Grande-Bretagne est un pays à l’économie florissante, mais on sait très bien qu’elle ne bénéficie qu’à une petite partie de la population. Aussi, il est important pour tout un public que l’accès reste gratuit. Il est dommage de faire ces économies en refusant les prêts à l’étranger. Pour moi, les œuvres d’art doivent être nomades et aller à la rencontre des publics.
Le Salon du meuble de Paris s’est déroulé du 8 au 12 janvier. Quel bilan en tirez-vous ?
J’ai ressenti au Salon du meuble une bonne ambiance par rapport aux autres années. Les gens ont le sourire ou se blindent de plus en plus face aux difficultés qui persistent. Nous sommes dans un secteur qui a été particulièrement touché par la crise, et il semble qu’il y ait quelques morceaux de ciel bleu qui apparaissent. Le Salon du meuble de Paris, sur le plan national et pour le mobilier dit traditionnel, est un événement important. Il n’a pas l’aura internationale du salon de Cologne qui va avoir lieu dans quelques jours, et encore moins de celui de Milan, manifestation considérable pour le mobilier contemporain haut de gamme. J’ai été très heureux de constater cette année que la jeune création française était particulièrement mise en valeur et présentée de façon attrayante. Chaque occasion est bonne pour montrer ces jeunes designers français qui sont très dynamiques et qui ont beaucoup de difficulté à vivre.
De nouvelles œuvres attribuées à Van Gogh sont suspectées. Suivez-vous ce feuilleton des “faux Van Gogh” avec intérêt ?
Cela m’intéresse et m’amuse. Pour moi, l’important est qu’une œuvre soit émouvante. Qu’elle soit authentique ou pas, si elle m’émeut, elle a la même valeur. En tout cas, je trouve ce phénomène intéressant parce qu’il nous montre le génie des faussaires.
Le Musée des arts décoratifs rouvre en partie. Estimez-vous que le design occupe sa juste place dans les musées ?
En général, non. Mais en ce qui concerne le Musée des arts décoratifs de Paris, l’attention particulière d’Hélène David-Weill pour le design, la présence de Marie-Claude Beaud et la qualité du fonds nous assurent que la création contemporaine sera bien présentée à l’issue des travaux. Le Musée des arts décoratifs est un bon exemple parce qu’il n’est pas un musée spécialisé dans le design, même s’il va montrer à part entière la création contemporaine. Cette présence peut intéresser un public qui, au départ, vient voir de l’art décoratif en général et qui peut y découvrir des objets qui sont parfois dans un magasin à 100 mètres de chez lui mais qu’il n’a jamais remarqués. Autre exemple, le Musée des arts décoratifs de Bordeaux est consacré au XVIIIe siècle, mais son conservateur a toujours eu le souci de montrer des objets et du mobilier contemporain. Il rappelle aux visiteurs que le XVIIIe bordelais a été une période magnifique, mais qu’il y a aussi un présent. Les musées spécialisés sont visités par un public déjà conquis. C’est surtout à travers les musées généralistes qu’il peut y avoir une initiation.
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L’actualité vue par Alain Lardet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°52 du 16 janvier 1998, avec le titre suivant : L’actualité vue par Alain Lardet