Souvent associés au milieu rural, les écomusées sont perçus comme les tenants d’une “nostalgie campagnarde�?, alors que leur champ d’étude est en constante évolution.
Puisqu’un territoire ne peut s’appréhender par l’intermédiaire d’un seul lieu, les écomusées pratiquent souvent une politique de déconcentration de leurs activités. Ainsi, en Haute-Auvergne, l’Écomusée de La Margeride réunit quatre sites et autant d’ambiances, telle cette salle de classe des années trente offrant un voyage dans un passé encore proche. Reconstituée grâce aux témoignages d’anciens élèves, elle est complétée par “le chemin des écoliers” qui parcourt, de 1870 à nos jours, autour d’une marelle, cet espace de liberté entre la maison et l’école. Quant au patrimoine naturel du pays, un jardin de plantes aromatiques permet de le découvrir dans sa dimension esthétique, olfactive et gustative. Paradoxalement, c’est par l’agriculture que l’Écomusée de La Courneuve, en banlieue nord de Paris, traite des cultures urbaines. En menant une “anthropologie du vert et de la verdure”, selon les mots de son conservateur Jean-Jacques Péru, l’écomusée propose l’étude des cultures maraîchères urbaines et périurbaines de la région parisienne, courantes et populaires depuis le Moyen Âge. Cette activité “ethnobotanique” trouve sa concrétisation dans un Musée des cultures légumières, et l’organisation d’expositions et de manifestations comme, en octobre, lors de la semaine du goût, un marché de fruits et légumes cultivés traditionnellement en Île-de-France.
Au sud de Paris, dans la ferme de Cottinville, ancienne dépendance de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés entourée d’un paysage urbain typique de la banlieue, l’Écomusée de Fresnes apparaît comme une représentation de l’histoire, rapide et stratifiée, de cette ville de la périphérie, haut lieu de l’administration pénitentiaire. Un pied dans la campagne – une collection d’objets de la ferme –, un autre dans la ville, l’écomusée, conscient que la mémoire collective de son territoire est celle de “mémoires où la question identitaire ne se pose pas en termes “singuliers” mais “pluriels””, a décidé de donner la parole aux minorités. Il le fait en privilégiant l’exposition, considérée comme un “un outil pour lutter contre l’exclusion”. Dans ce cadre, des travaux ont été conduits sur les métiers de femme, les détenus ou le mouvement hip-hop, et actuellement sur l’affaire Dreyfus (jusqu’au 19 septembre). L’occasion de commémorer le centenaire de la Ligue des droits de l’homme et de méditer cette phrase de Marc Bloch : “L’incompréhension du présent naît fatalement de l’ignorance du passé.”
- Écomusée de La Margeride-Haute-Auvergne, La Tour, 15320 Ruynes-en-Margeride, tél. 04 71 23 42 96, horaires en fonction des saisons. - Écomusée de La Courneuve, Musée des cultures légumières, 11 rue de l’Abreuvoir, 93120 La Courneuve, réouverture début octobre, tél. 01 48 36 39 60. - Écomusée de Fresnes, Ferme de Cottinville, 41 rue Maurice-Ténine, 94620 Fresnes, tél. 01 49 84 57 37, tlj sauf lundi 10h-12h et 14h-18h, mardi et dimanche 14h-18h.
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A la ville comme à la campagne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°86 du 2 juillet 1999, avec le titre suivant : A la ville comme à la campagne