La traversée des temps

C’est une drôle d’histoire, qui commence comme Les Valeureux d’Albert Cohen, enchaîne avec Gatsby le Magnifique de Francis Scott Fitzgerald, rebondit sur La Recherche du temps perdu de Marcel Proust et s’achève à la manière de Villa triste de Patrick Modiano. L’histoire des Camondo qui nous ont laissé, sous l’aile des Arts décoratifs, l’une des plus belles demeures et la plus belle collection XVIIIe qui soient. Histoire magnifiquement racontée sous la direction de Marie-Noël de Gary et en somptueuses photographies de Jean-Marie Del Moral (1). Autre traversée du temps, qui cette fois mêle réhabilitation, reconversion et création, celle qui réunit ici les « flagships » culturels du monde entier : depuis la Tate Modern à Londres jusqu’au Guggenheim de Bilbao, en passant par le Centre Pompidou à Paris, le Pergamon à Berlin, ou encore le Rock and Roll Hall of Fame and Museum à Cleveland (Ohio), quarante-quatre musées alignés comme à la parade, en grand format et reproductions éclatantes de couleurs (2). Et puis, le temps présent avec la considérable production architecturale chinoise. Cinq cents millions de Chinois en plus dans les villes à l’horizon 2020, cela induit constructions de masse et d’urgence, parmi lesquelles tout n’est pas affligeant, loin de là. En marge des grands ensembles, quelques pépites (3). Enfin, les temps à venir, avec une incroyable sélection de créations relevant des évolutions techniques, sociales et économiques, s’inspirant du passé, s’ancrant dans la réalité présente, projetant dans le futur. Le tout, d’un éclectisme revigorant (4).