Chili - Histoire

La théorie d’un « écocide » sur l’île de Pâques remise en cause

Par Sara Genin · lejournaldesarts.fr

Le 24 juillet 2024 - 392 mots

ÎLE DE PAQUES / CHILI

Une nouvelle étude dément l’idée d’une déforestation à l’origine de l’effondrement de la population.

Les Moaïs de l’Ile de Pâques
Les Moaïs de l’Ile de Pâques en janvier 2016
© Photo Matias Morel

Parue en juin, une nouvelle étude publiée par Dylan Davis, chercheur à l’université de Columbia (États-Unis), apporte un nouvel éclairage sur la théorie de « l’écocide » sur l’île de Pâques. Selon cette théorie développée par Jared Diamond dans les années 2000, les premiers habitants de l’île auraient causé leur propre perte en détruisant l’écosystème de l’île. Pour le géographe, une vaste entreprise de déforestation aurait conduit les premiers insulaires à abattre massivement les palmiers de l’île pour créer des jardins, récolter du bois de chauffe et s’en servir pour ériger les 887 statues moaïs qui peuplent l’île. « L’écocide » aurait eu des conséquences catastrophiques sur les ressources de l’île et la productivité agricole : privés de ressources alimentaires, les habitants se seraient alors déchirés dans des guerres de clans conduisant à une extinction de leur civilisation.

Une nouvelle étude contredit l’idée de la chute démographique de l’île grâce à de nouveaux éléments sur les pratiques agricoles. Les recherches montrent que la partie de l’île dédiée aux cultures agricoles permettait de nourrir 3 900 personnes au maximum (contre 17 000 pour les estimations précédentes). « Ainsi, contrairement au récit de « l’écocide », la population présente à l'arrivée des Européens n'était pas les derniers vestiges de la société de l’île de Pâques, mais probablement la société à son apogée, vivant à des niveaux soutenables sur l’île », explique Dylan Davis, chercheur postdoctoral à la Climate School de l'université de Columbia (États-Unis) et coauteur de l’étude.

Le récit de « l’écocide » aujourd’hui contesté, repose sur les suppositions des Européens arrivés au XVIIIe siècle pour coloniser l’île. Les colons, découvrant les statues gigantesques de la taille d’un petit immeuble, ont supposé que seule une population de plusieurs dizaines de milliers de personnes pouvait avoir édifié de telles statues. 

Malgré les éléments scientifiques apportés par la nouvelle étude qui remet en cause le récit de « l’écocide », la disparition des populations de l’île de Pâques reste un point d’interrogation. Sue Hamilton, spécialiste de l’île, a relevé que la nouvelle étude présentait des limites, dont certaines avaient été reconnues par les auteurs. Elle affirme qu’il n’est pas possible de prouver le nombre d’habitants grâce à la superficie des cultures agricoles. Une autre théorie importante avance l’hypothèse de l’introduction de maladies amenées par les Européens : les insulaires, non immunisés contre les infections auraient été décimés.

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