Le tremblement de terre qui a touché la Sicile le 6 septembre a provoqué des dégâts plus graves que ne l’avaient laissé penser les premières évaluations.
À Palerme, outre la chapelle Palatine, des églises et des palais du centre historique ont été touchés.
PALERME (de notre correspondant) - Alors que la peur est passée après le fort tremblement qui a frappé la Sicile le 6 septembre et que les répliques du séisme continuent à faire trembler la terre, Palerme fait l’inventaire des dégâts considérables, surtout pour le patrimoine historique et artistique. Même les biens qui, après une première analyse, semblaient ne présenter aucun dommage ont montré peu à peu, après des examens successifs toujours en cours, des dégradations à des degrés divers. Nombreuses sont les “victimes illustres”. En tête de liste, figurent le palais des Normands, siège du Parlement sicilien – dont de nombreuses parties ont été déclarées inaccessibles, de la salle d’Hercule, qui abrite l’Assemblée régionale, où l’enduit se détache et se lézarde, à la tour Pisane, siège de l’observatoire astronomique –, et surtout sa célèbre chapelle Palatine. Dans ce chef-d’œuvre de l’art normand, le plafond en bois orné de muqarnas a failli s’écrouler à cause de l’écartement des murs de la nef centrale. Les premiers échafaudages et étayages d’urgence ont été mis en place, et la chapelle est fermée au public jusqu’à nouvel ordre.
Parmi les monuments les plus endommagés, on compte l’église baroque de Sant’Anna, dont certains parements et éléments architecturaux extérieurs se sont écroulés, créant de profondes lézardes sur les voûtes, et où une partie de l’arc de la nef centrale s’est détachée. Sur la quarantaine de monuments lézardés, une dizaine de sites dans toute la province de Palerme ont été jusqu’à présent fermés, mais ce nombre pourrait au moins doubler.
Le Spasimo a également subi de graves dégâts, notamment au niveau de la voûte, ainsi que les églises de San Nicolò dans le quartier d’Albergheria, San Nicolò da Tolentino (qui abrite dans son oratoire à peine restauré les archives historiques municipales), les églises du Carmine, de Santa Teresa, de Santa Maria dei Miracoli, de San Domenico et l’oratoire de Santo Stefano Protomartire. Viennent s’ajouter les dizaines de palais nobiliaires, parmi lesquels certains s’écroulent en partie depuis quelques années en raison de la négligence et de l’abandon, comme le palais Sammartino ou le palais Galletti sur la piazza Marina, dont la restauration était sur le point de commencer. Des lézardes sont également apparues sur le palais des Aigles, la mairie de Palerme.
Monreale n’a pas été épargnée par le tremblement de terre. Au Pensionnat de Guillaume II, qui accueille depuis peu les locaux de la Civica Galleria d’arte moderna Sciortino, le grand escalier principal s’est fissuré. On relève également des dommages dans d’autres parties de la Sicile. À Bagheria, les lézardes internes de certaines villas historiques se sont creusées comme à San Cataldo, Spedalotto, San Marco, Santa Flavia et dans la Chartreuse du palais Butera. Dans le secteur des Madonie, de nombreuses églises ont connu des dégâts comme à Castelbuono, Petralia, Polizzi et Generosa. Dans la région de Trapani, des éboulements ont eu lieu et les problèmes statiques du château de Calatubo se sont aggravés. À Trapani même, au palais Pappalardo, siège de la surintendance, les voûtes peintes se sont fissurées. Selon Enrico Carapezza, un des responsables des Biens culturels dans la région, la première estimation des dommages s’élèverait à environ 80 millions d’euros, une somme qui devrait probablement être revue à la hausse. Pour intervenir avec plus de rapidité, l’état de catastrophe a été décrété. Cela permettra le déblocage d’une enveloppe spéciale pour financer le plan d’intervention de la Protection civile, qui sera géré conjointement par la Région et la Ville de Palerme. Une équipe d’experts de la Protection civile est arrivée de Rome pour aider à estimer les dégâts. Cinq millions d’euros ont été immédiatement affectés aux premières interventions d’urgence, mais la route est encore longue.
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La Sicile tremble pour ses monuments
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°155 du 27 septembre 2002, avec le titre suivant : La Sicile tremble pour ses monuments