Fermé en août 2009, le Musée Picasso, à Paris, prépare sa renaissance. Le chantier a pris du retard, son budget a plus que doublé, aussi la réouverture a-t-elle été repoussée au 1er mai 2013. Outre le réaménagement de l’hôtel Salé, une nouvelle aile est projetée dans le parc du musée pour l’automne 2013.
PARIS - « Le musée rouvrira le 1er mai 2013 et je ferai tout pour tenir cette date. » Anne Baldassari, directrice du Musée Picasso, est sûre de son fait. Fermé depuis août 2009 pour de lourds travaux, l’hôtel Salé, à Paris, devait rouvrir en 2012. Mais les lenteurs administratives et les coûts importants ont ralenti le tempo. « Heureusement que le musée est passé en 2010 en établissement public administratif, sans cela je ne suis même pas certaine que les travaux auraient commencé », reconnaît-elle. Il est vrai que le chantier est important. L’hôtel particulier, qui date du XVIIe, s’est trouvé progressivement mité par les espaces administratifs et techniques. Un immeuble et un appartement (au 18 et 20, rue de la Perle, adjacents au musée) ont été acquis au printemps 2011 pour y loger les bureaux.
Les travaux vont permettre de remettre aux normes un bâtiment dont l’aménagement n’a pas changé depuis 1985, date de l’ouverture du musée. La nécessité de climatiser les salles pour mieux protéger les œuvres, de faciliter l’accès des handicapés et de moderniser la scénographie s’est imposée au fil du temps. Au printemps 2013, l’hôtel Salé triplera ses espaces d’exposition pour atteindre 5 700 m². Auxquels s’ajoutera à l’automne 2013 une nouvelle aile jouxtant le musée et construite sur le parc. Le concours d’architecture devrait être lancé prochainement. Ces 2 000 m² supplémentaires offriront un espace pour les expositions temporaires et des capacités d’accueil pour les scolaires. « Nous refusons tous les jours vingt groupes de jeunes », note la directrice qui en fait une priorité de sa politique au point de réserver l’institution le matin aux scolaires. L’objectif affiché est aussi d’organiser de grandes expositions internationales avec des prêts d’autres musées. « Auparavant nous exposions principalement notre collection, au point de décourager les Parisiens qui, à la longue, connaissent les œuvres », affirme Anne Baldassari.
Un budget annuel de 7 millions d’euros
Le coût du chantier (Jean-François Bodin et Stéphane Thouin, architectes) est passé de 23 millions à 54 millions d’euros. « Plusieurs éléments n’avaient pas été devisés », explique la directrice. Le financement est assuré par l’État à hauteur de 19 millions d’euros (étalés sur quatre ans) et le reste par autofinancement. Depuis sa fermeture, le Musée Picasso commercialise en effet des expositions clés en main dans le monde entier. À ce jour, neuf ont été organisées, une vient d’ouvrir à Shanghaï et une autre est programmée ce mois-ci à Sydney en Australie. « Ce ne sont pas des locations d’œuvres », se défend Anne Baldassari, visiblement meurtrie par les critiques à ce sujet, tout autant que par le vol du carnet de Picasso en juin 2009 et toujours pas retrouvé.
Le budget de fonctionnement en année pleine sera de l’ordre de 7 millions d’euros (hors frais de personnel), dont environ la moitié assurée par une dotation de l’État. Celle-ci était de 1,2 million en 2011 et l’on se demande bien comment le ministère va financer cet accroissement qui va s’ajouter à la dotation du Mucem, de la Maison de l’histoire de France, de la Philharmonie…
Le plan prévisionnel, qui a fait l’objet d’une présentation à Matignon en avril 2011, prévoit 60 postes contre 120 avant la fermeture. Les postes auparavant occupés par des titulaires ou contractuels qui ont été redéployés dans d’autres institutions seront externalisés. Mais, comme les recettes de la billetterie seront insuffisantes (même si le musée espère 750 000 entrées), l’établissement public devra faire appel au mécénat. Un fonds de dotation a été créé avant l’été et devrait être présidé par un grand chef d’entreprise collectionneur dont le nom sera annoncé dans les prochains jours. La programmation internationale a donné des ailes à la directrice qui a pu ainsi établir un réseau privilégié et mesurer l’attractivité du maître espagnol. Elle compte capitaliser sur son nouveau carnet d’adresses pour obtenir de futurs prêts d’œuvres et développer son centre de recherche. Tout cela devrait être confirmé par le ministre de la Culture le 22 novembre à l’occasion d’une visite de chantier.
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La renaissance du Musée Picasso
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Abonnez-vous dès 1 €Vue de l'installation de Daniel Buren dans la cour du musée Picasso (Hôtel Salé) à Paris en novembre 2008 - © photo Marimarina - Licence CC BY 3.0
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°356 du 4 novembre 2011, avec le titre suivant : La renaissance du Musée Picasso