“Adolescent, je suis allé signer mon nom au dos du ciel dans un fantastique voyage réalistico-imaginaire un jour où j’étais allongé sur une plage à Nice... Je hais les oiseaux depuis ce temps-là d’ailleurs, car ils tentent de faire des trous dans ma plus grande et plus belle œuvre ! Les oiseaux doivent disparaître !”, écrivait en 1960 Yves le Monochrome dans le Vrai devient réalité. Yves Klein ne faisait pas dans la demi-mesure et c’est certainement cela qui lui a permis de sauter dans le vide et de laisser une œuvre grand ouverte. Le recueil de ses écrits, accompagné d’un riche appareil de notes, permet aujourd’hui de revenir sur le travail de l’artiste, mais aussi de juger de la place prise par l’écrit et la conférence chez lui. Impossible de dire si cette compilation répond au souhait formulé par l’artiste d’une anthologie de ses textes, mais elle regroupe en tout cas l’essentiel d’un corpus jusque-là épars ou inaccessible en français. Tour à tour docte, lyrique, enjouée, expansive ou introspective, la prose de Klein vaut pour elle-même, aussi grandiloquente qu’ironique : “Il faut être complètement con pour être vrai” (“La vérité sur le Nouveau Réalisme”, 1961). Sommet de ces textes, la retranscription de “Dialogue avec moi-même”, monologue improvisé en 1961 face à un magnétophone et qui prend des tournures de performance, ou “La guerre, petite mythologie personnelle de la monochromie [...] adaptable en film ou en ballet” (1954), dans le cadre de “Dimanche”.
Yves Klein, Le Dépassement de la problématique de l’art et autres écrits, éditions de l’École nationale supérieure des beaux-arts, Paris, coll. “Écrits d’artistes”?, 445 p., 19 euros. ISBN 2-84056-095-X
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La prose de Klein
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°171 du 16 mai 2003, avec le titre suivant : La prose de Klein