L’« antenne » néerlandaise du musée russe change de nom et de partenaires après avoir coupé ses liens avec Saint-Pétersbourg.
Amsterdam. C’est l’une des victimes collatérales culturelles de l’invasion de l’Ukraine par les troupes de Poutine. L’Hermitage Amsterdam avait ouvert en 2009 après avoir emprunté, moyennant de solides redevances, son nom et ses collections au célèbre musée d’État de Saint-Pétersbourg – une location sur le modèle des musées occidentaux. Durant quatorze ans, il a organisé une trentaine d’expositions, dont un tiers étaient en lien avec l’histoire de la Russie.
Mais après l’invasion russe, l’institution n’avait d’autre choix que de fermer son exposition d’alors, consacrée à l’avant-garde russe, et de mettre un terme à son contrat avec le Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg. Loin de vouloir temporiser, Mikhaïl Piotrovski, le directeur du musée russe, avait publiquement pris parti pour l’« opération spéciale ». Une décision difficile pour l’Hermitage Amsterdam, car ce lieu privé ne dispose pas de collections, de subventions publiques ou de fonds de dotation. Afin de rester ouvert, il a conçu en hâte des expositions temporaires avec divers prêts d’œuvres.
Sa directrice, Annabelle Birnie, a mis à profit cette période intermédiaire pour trouver un nouveau modèle. Le lieu s’appellera à partir du 1er septembre le « H’Art Museum », ne gardant de son histoire proche que la première lettre de son nom. Plus substantiel, la directrice a annoncé avoir signé des accords de prêts d’œuvres et d’expositions avec trois institutions internationales : le British Museum à Londres, le Centre Pompidou à Paris et le Smithsonian American Art Museum à Washington DC (États-Unis). Non sans humour ou provocation, la première exposition issue d’un partenariat avec le Musée national d’art moderne de Paris, prévue en 2024, sera consacrée au peintre d’origine russe Vassily Kandinsky (1866-1944).
La rupture entre le Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et les Pays-Bas va alourdir un peu plus le contentieux entre les deux pays. Le 9 juin dernier, la Cour suprême néerlandaise a confirmé les décisions de justice précédentes selon lesquelles les objets scythes prêtés par quatre musées de Crimée pour une exposition à Amsterdam en 2014 devaient être rendus à l’Ukraine plutôt qu’à la Crimée, sous contrôle de la Russie depuis son invasion en 2014. Quelques mois auparavant, en mars, la Cour pénale internationale, une juridiction indépendante des Pays-Bas mais installée à La Haye, a émis un mandat d‘arrêt contre le président Vladimir Poutine « présumé responsable du crime de guerre de déportation illégale de population (enfants) et de transfert illégal de population (enfants) de territoires occupés d’Ukraine vers la Fédération de Russie ».
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La guerre en Ukraine oblige l’Hermitage Amsterdam à se réinventer
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°615 du 7 juillet 2023, avec le titre suivant : La guerre en Ukraine oblige l’Hermitage Amsterdam à se réinventer