A la Fiac, les « modernes » font toujours recette

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 27 septembre 2007 - 494 mots

La Fiac n’est pas seulement le lieu des découvertes, des jeunes artistes et de la création actuelle. C’est aussi le lieu des incursions dans l’histoire en compagnie de Matta, Dubuffet, Manzoni, etc.

La Fiac entretient fidèlement la qualité de son secteur moderne et contemporain classique en sélectionnant comme chaque année un contingent majoritairement français, souligné de quelques galeries américaines, suisses et britanniques. Peu de nouveaux arrivants à l’exception des Américains de Cheim & Read et de Van de Weghe Fine Art.

Un large choix
L’éclectisme est aussi l’un des leitmotiv sous la verrière du Grand Palais où sont rassemblés ces « modernes ». Jean Fournier présente des toiles de Hantaï ou Riopelle tandis que Karsten Greve mêle Albers, Manzoni, Kounellis à Brassaï pour ne citer qu’un petit échantillon des dizaines d’artistes exposés. L’équipe d’Applicat-Prazan présente parmi sa sélection maison, des toiles de Georges Mathieu, de Riopelle et de Pierre Soulages.
Les partis pris thématiques ou historiques sont, quant à eux, plutôt rares, à l’exception de Natalie Seroussi qui organise comme à son habitude son stand autour des grands acteurs européens des années 1960. Une très belle pièce préparatoire de 1965 de Christo pour un projet de devanture est d’ailleurs une des pépites de cette présentation.
Chez Louis Carré, on remarque une belle audace puisque le choix de Patrick Bongers pour la Fiac s’est porté sur un trio inédit : Télémaque, Kcho et Camacho. Seule présence 100 % photo, la galerie de Françoise Paviot propose une image inconnue de Man Ray (1932), une rare photographie d’Arman (1978) – tout en accumulation bien sûr – et, surtout, les tout premiers travaux du photographe de la grande dépression américaine et chantre de l’esthétique documentaire, Walker Evans, pris en 1929 et jamais montrés jusqu’ici. Mais, encore une fois, la profusion domine dans cette galerie qui annonce une dizaine de photographes dans son accrochage.

Peu de one man show
Et à l’instar des jeunes galeries, ils sont bien peu chez les modernes à tenter la présentation monographique. Claude Bernard se consacre au peintre Roberto Matta, disparu en 2002, tandis que la galerie parisienne Patrice Trigano, s’offre Jacques Villeglé en solo. Le vénérable artiste est aussi à l’affiche de la fidèle galerie Vallois, effet sans doute de l’exposition « Nouveaux Réalistes » au Grand Palais. Quant à la galerie Jeanne Bucher, elle mise tout sur le noir avec l’une des toutes dernières séries de Jean Dubuffet, réalisée en 1984, peu de temps avant sa mort, et présentée dans un stand plongé dans la couleur du deuil.
Comme toujours, le secteur moderne permet cette incursion délicieuse dans l’histoire, manière peut-être aussi de relativiser ou de mettre en perspective les plus jeunes.

Chronologie

Années 1950 COBRA, Expressionnisme abstrait américain 1960-1965 Nouveaux Réalistes, Art Minimal, Pop Art, Fluxus 1965-1970 Nouvelle Figuration, Arte Povera, BMPT, Land Art Années 1970 Art conceptuel, Support-Surface, Néo-Expressionnisme allemand, Body Art Années 1980 Figuration libre, Trans avant-garde italienne Années 1990 Seule l’histoire permettra d’identifier des courants, car depuis vingt ans il y a quasiment autant de courants que d’artistes.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°595 du 1 octobre 2007, avec le titre suivant : A la Fiac, les « modernes » font toujours recette

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