Depuis l’après-guerre, une rivalité larvée n’a cessé d’opposer Paris à New York. Cet automne, le Centre Georges Pompidou et le Musée Guggenheim se sont associés pour proposer à New York deux expositions qui font la part belle aux artistes actifs en France. Une première.
NEW YORK. Vingt et un ans après l’ouverture du Centre Georges Pompidou et l’inauguration de l’exposition “Paris-New York”, le Guggenheim de New York accueille à la fois les collections du Musée national d’art moderne (16 octobre-24 janvier) et une exposition consacrée à la création en France de 1958 à 1998 (13 octobre-11 janvier). Â côté de “Rendez-vous”, la confrontation au Solomon R. Guggenheim Museum d’environ 350 œuvres historiques sélectionnées de part et d’autre de l’Atlantique, le véritable enjeu se situe au Guggenheim SoHo avec l’exposition “Premises”. Préparée depuis près de deux ans par Bernard Blistène, en collaboration avec Alison Gingeras, conservateur au Guggenheim, et Alain Guiheux, responsable de la scénographie et de la section architecture, l’exposition réunit une poignée de designers, une quarantaine d’artistes et autant d’architectes dont les œuvres sont présentées dans un parcours croisé. La thématique choisie, “l’espace investi” ou “l’espace construit”, volontiers passe-partout, semble avoir permis un dosage prudent dans le choix des artistes, même si Alison Gingeras se défend d’avoir avant tout sélectionné des œuvres. En définitive et à quelques exceptions près, la liste ne ménage pas de véritable surprise, tout juste pourra-t-on s’étonner de quelques absences. Face à un public américain ne connaissant pas ou peu les artistes français, il aurait été vain, voire néfaste, d’avoir de quelconques velléités encyclopédiques. Mieux vaut-il en effet donner quelques repères forts d’une scène artistique que l’on a beaucoup de mal à cerner depuis l’étranger, diversité oblige. Reste une certaine ambivalence. “Aux États-Unis, on reproche à la France d’avoir des artistes officiels, parce que vous avez des organismes gouvernementaux qui soutiennent les créateurs beaucoup plus que dans d’autres pays, nous a déclaré Alison Gingeras. Aussi ne voulions-nous pas être soumis à une pression officielle. On parle beaucoup en France de Fabrice Hybert, de Pierre Huyghe et de tous ces gens. Ils sont tous représentés dans l’exposition, mais ce n’est pas pour faire une version officielle” [de l’art français]. Malgré ce paradoxe, il faut surtout espérer que l’exposition permettra de lancer quelques locomotives sur les rails de la conquête de l’Ouest.
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A la conquête de l’Amérique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°68 du 9 octobre 1998, avec le titre suivant : A la conquête de l’Amérique