Kishore Rao est directeur du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco. Il revient sur les enjeux de l’inscription d’un site à la liste du patrimoine mondial.
L’œil : Objet d’une intense compétition, la liste du patrimoine mondial de l’Unesco s’allonge inexorablement au fil des ans. Il semblerait parallèlement que les obligations liées à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial soient de plus en plus difficiles à faire respecter, y compris en Europe. Comment expliquer ce phénomène et comment y remédier ?
Kishore Rao : Les États parties à la Convention unissent leurs efforts pour chérir et protéger le patrimoine naturel et culturel du monde et expriment l’engagement commun de préserver notre héritage pour les générations futures. Être partie à la Convention et avoir des sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial confère un prestige qui joue souvent un rôle catalyseur dans la sensibilisation à la préservation du patrimoine. Mais il faut bien être conscient du fait que ce patrimoine n’est pas figé dans une réalité statique. Le monde avance, les sociétés évoluent et la protection du patrimoine doit s’adapter aux nouveaux besoins de progrès de tous les peuples. C’est bien pour cette raison que le thème choisi pour les célébrations du quarantième anniversaire de la Convention du patrimoine mondial est le développement durable, une thématique qui est vraiment fondamentale pour la communauté internationale dans son ensemble.
L’œil : La liste du patrimoine mondial suivra-t-elle toujours cette logique inflationniste qui consiste chaque année à inscrire des sites supplémentaires ?
K. R. : Ce qui peut être présenté comme une « logique inflationniste » par certains, est vu, par beaucoup d’autres, comme une liste ayant encore de nombreuses lacunes. Tout est relatif. Il y a des experts qui nous disent que nous devrions nous arrêter, faire une pause de réflexion une fois atteint le chiffre rond de mille sites inscrits. D’autres insistent sur le fait qu’il reste encore à inscrire des sites ayant une valeur universelle exceptionnelle. La vérité est peut-être entre ces deux positions, mais une chose est certaine : il vaut mieux mettre l’accent sur l’aspect de la conservation des biens déjà inscrits, plutôt que se concentrer sur de nouvelles inscriptions.
L’œil : Est-il raisonnable que la France présente une nouvelle fois le dossier Le Corbusier, qui a pourtant été reporté à plusieurs reprises ?
K. R. : Le dossier titré « L’œuvre architecturale et urbaine de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au mouvement moderne » est présenté par cinq autres pays à part la France : Allemagne, Argentine, Belgique, Japon et Suisse. La France devra consulter les autres nations impliquées afin de pouvoir prendre une décision en la matière, notamment pour une nouvelle présentation du dossier. Le Comité, dans sa décision concernant ce cas, a donné des instructions claires à suivre sur réponses à apporter si cela devait être l’intention de ces six pays.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Kishore Rao : « le patrimoine n’est pas figé »
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°642 du 1 janvier 2012, avec le titre suivant : Kishore Rao : « le patrimoine n’est pas figé »