Julien Tiberi : humour et gravité

Il dit appréhender le dessin comme « une pensée de la ligne, un système de mémoire étendue », s’appuyant sur l’idée jadis formulée par le peintre Hogarth que la beauté réside dans la ligne ondulée, sinon serpentine.

De fait, Tiberi slalome entre humour et gravité, vérité et fiction, noir et blanc avec une telle aisance qu’il nous fait perdre tous nos repères. Dans le contexte d’un monde qui se gargarise d’images captées via tous les outils technologiques qui sont à portée de main, l’artiste puise quant à lui à la source de références plus ou moins inattendues.

Illustrations et images du temps passé, caricatures de Daumier, vieux journaux comme Le Charivari, actions de groupes d’artistes marginaux tel celui des Incohérents sont pour lui autant d’ingrédients prospectifs à l’élaboration d’une iconographie pleinement contemporaine. Tiberi n’a pas son pareil pour en reverser les saynètes, les anecdotes et les acteurs à l’ordre d’une nouvelle narration. De même il emprunte aux cinéastes d’avant-garde la technique de grattage de pellicules pour faire basculer ses paysages à la frontière américano-mexicaine, peints sur Isorel, du côté d’inquiétants tableaux noirs. Pour paraphraser le titre d’un célèbre album gravé du XIXe, la démarche de Julien Tiberi quête « un autre monde ».