Disparition

Jean-Pierre Mohen (1944-2021)

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 15 septembre 2021 - 399 mots

L’archéologue, protohistorien et conservateur du patrimoine faisait le pont entre le monde des sciences et celui des musées.

Paris. C’est à l’unisson que le monde de la science et celui des musées et du patrimoine rendent hommage à Jean-Pierre Mohen, décédé le 4 septembre à l’âge de 77 ans. La longue carrière de ce protohistorien de formation a été marquée par un dialogue constant entre sciences dures, musées et artistes. Après avoir soutenu une thèse sous la direction du grand préhistorien André Leroi-Gourhan, Jean-Pierre Mohen commence sa carrière en 1969 à Saint-Germain-en-Laye, dans le Musée d’archéologie nationale alors dénommé « Musée des antiquités nationales », dont il prendra la direction en 1987. Pionnier de l’archéologie expérimentale, son champ d’expertise ne se limite pas à la préhistoire : en témoigne les expositions dont il fut commissaire au Grand Palais, « L’or des Scythes » en 1975, « Trésors des princes celtes » en 1987-1988 (Galeries nationales) ou « Les Vikings » en 1992.

Homme de musée, Jean-Pierre Mohen était aussi un archéologue de terrain. Il a notamment dirigé les fouilles du tumulus de Bougon, dans les Deux-Sèvres, de 1972 à 1987 : ces quinze ans de chantier aboutiront à la construction d’un musée de la Préhistoire attenant au site.

Nommé conservateur général du patrimoine en 1990, il sera adjoint du directeur des Musées de France, Jacques Sallois, de 1992 à 1993. L’année suivante, l’archéologue devient directeur du Laboratoire de recherche des musées de France : un poste taillé sur mesure pour cet amoureux des sciences autant que des arts. Autour de l’Aglaé, le coûteux accélérateur de particules acquis par le Louvre, il fait dialoguer historiens de l’art et scientifiques. En 1996, il prend la direction de la nouvelle unité mixte de recherche UMR-71, partenariat entre le Laboratoire et le CNRS, qui étudie la chimie des matériaux patrimoniaux. Il permet également le rapprochement entre le service de restauration des musées de France et le Laboratoire, qui donnera naissance au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF).

Honoré en 2004 par un siège à l’Académie des technologies, il prend la tête du département patrimoine et collections du futur Musée du quai Branly l’année suivante. Il dirige en parallèle le projet de refonte du Musée de l’Homme, amputé d’une grande partie de ses collections par le Quai Branly, au grand dam des ethnologues. Ce « Nouveau Musée de l’Homme », ainsi qu’il fut qualifié, ouvrira ses portes en 2015.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°573 du 17 septembre 2021, avec le titre suivant : Jean-Pierre Mohen (1944-2021)

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