Jean-Jacques Wattel : « Son impact est d’ordre sculptural »

Quelle est la spécificité des céramiques des années 1950 ?
Ce sont tout d’abord les coloris vifs, comme le rouge, ou l’orange d’urane chez Madoura, depuis interdit pour des questions de radioactivité. Beaucoup de pièces sont cuites au four, ce qui donne aux couleurs une profondeur particulière. Dans les années 1950, nous sommes plus dans l’expérimentation, alors que les céramistes des années 1900 étaient surtout dans la recherche.

Que cherchent aujourd’hui les collectionneurs ?
Les gens veulent des choses reconnaissables, emblématiques. Ils préfèrent les formes libres de la seconde partie de l’œuvre de Georges Jouve plutôt que les formes plus massives du début. Ils désirent de même les vases à oreilles de Roger Capron avec un motif géométrique ou de taureaux ou les vases corolle de Pol Chambost. On recherche aussi les grandes tailles, à fort pouvoir décoratif. La céramique des années 1950 n’est pas de l’ordre de l’intime, contrairement aux pièces Art déco qu’on prend dans sa main. Elle génère une ambiance dans une pièce. Son impact est d’ordre sculptural.
 
Le marché commence-t-il à s’essouffler ?
Les prix de Georges Jouve sont de 30 % inférieurs à ceux enregistrés voilà trois ans. Ce céramiste reste toutefois quatre à cinq fois plus cher que le gros des troupes. Ceux de Capron se sont effondrés depuis quatre ans. C’est un marché qui n’a pas progressé autant que d’autres domaines, sans doute parce que les Français considèrent encore la céramique comme secondaire. Pour qu’un marché tourne, il faut qu’il y ait aussi beaucoup plus d’acteurs impliqués.