Jean Gaumy - Cœur en fusion

C’est que le photographe et réalisateur de documentaires, vice-président de Magnum, prix Nadar en 2010 pour son D’après nature chez Xavier Barral et désormais 128e numéro de la collection « Photo Poche » bouillonne depuis l’âge tendre. « À 16 ans, j’étais déjà révolté d’entendre les adultes, bourgeois de province, sortir des inepties. Ils savaient tout sur rien et rien sur tout », raconte Gaumy. L’homme révolté choisit alors la voie de la photographie « par contemplation et par rébellion », manière pour lui d’être en permanence « sur la rumeur du monde ». De l’écouter sinon de la faire entendre. Et cette rumeur, où Jean Gaumy, « curieux comme une belette », va-t-il la chercher ? Partout où elle se fait entendre : à Téhéran (Iran) en 1986, dans les paysages enneigés du Piémont (Italie), dans un hôpital psychiatrique du Salvador, sur le terrain contaminé de Tchernobyl (Ukraine) et même dans un sous-marin nucléaire français. C’est dire si l’état actuel de notre monde et la tragédie nucléaire de Fukushima (Japon) le révoltent aujourd’hui.

Il grogne sa colère, abhorre autant « les intellos cons » que « les naïfs » de la même espèce. Il aime l’aspérité d’un Jean Clair ou d’un Pierre Jourde, déteste les gens lisses. Parfois, pour se détendre, il plonge les pieds dans l’eau de rivières à truites où il pratique la pêche au toc. Son bassin de refroidissement à lui.