Statuant sur une vente au gré à gré non autorisée d’œuvres mises aux enchères et ravalées, le tribunal correctionnel de Paris a condamné le commissaire-priseur à huit mois de prison avec sursis.
PARIS - Le 26 mars, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Jean-Claude Binoche pour « abus de confiance aggravé » à huit mois de prison avec sursis et 100 000 euros d’amende. Dans cette affaire, un lot de 10 tableaux et dessins – estimés 38 millions de francs en 1990 par Marc Blondeau – gagés auprès de la banque Hottinger par le marchand de tableaux François de La Taille, ont été mis en vente sur décision de justice le 18 octobre 1995 sous le ministère de Me Jean-Claude Binoche, sur une estimation dix fois moindre. Le marché était alors au plus bas. À l’issue de la vente, les œuvres ont rapporté 3,4 millions de francs. Or il était reproché au commissaire-priseur parisien d’avoir cédé illégalement trois pièces : un dessin de Prud’hon ravalé a été vendu après la vente à son prix marteau au Musée des beaux-arts de Dijon (pratique alors interdite en France) ; un autre dessin de Prud’hon et un petit tableau ont été achetés par le commissaire-priseur parisien pour son propre compte. « Ce jugement est invraisemblable, nous a déclaré Jean-Claude Binoche. Ce n’était pas une vente judiciaire mais une vente autorisée par la justice pour laquelle je n’ai jamais fait autant. J’ai exposé les 10 lots à New York. J’ai refusé que le Louvre rachète en dessous de son prix marteau un dessin qu’il n’a pas voulu préempter, bien qu’ayant prévenu toute concurrence potentielle (dont le Getty [Museum à Los Angeles]) que le lot l’intéressait et qu’il ne fallait pas y toucher. Ce dessin, je l’ai finalement acheté au prix auquel il a été ravalé. Tout comme un petit tableau qui m’était resté sur les bras. Et ce, pour arranger la banque. » Le tribunal a reconnu que le commissaire-priseur n’était pas malhonnête, qu’il avait essayé d’arranger les choses, pas dans un cadre légal cependant. « Selon le tribunal, j’aurais dû repasser aux enchères les trois lots invendus. Les magistrats ne connaissent rien aux ventes publiques ! Les revendre aurait signifié les brader : ils se seraient vendus au mieux la moitié de leur prix. » Plusieurs experts, dont Gérard Auguier et Bruno de Bayser, confirment que les pièces ont été vendues dans leur estimation et qu’on ne pouvait en tirer plus. « Pour moi, il n’y a pas de préjudice donc pas d’abus de confiance. À la limite, j’ai commis une faute déontologique », conclut Jean-Claude Binoche qui a interjeté appel du jugement.
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Jean-Claude Binoche condamné
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°190 du 2 avril 2004, avec le titre suivant : Jean-Claude Binoche condamné