Le Musée Van-Gogh, à Amsterdam, a rétabli de manière officielle l’authenticité du Coucher de soleil à Montmajour de Vincent Van Gogh qu’il avait écarté du catalogue raisonné il y a plus de vingt ans. La réhabilitation de ce tableau illustre les progrès récents de l’analyse scientifique et les apports de la recherche historiographique.
Le Musée Van-Gogh vient d’authentifier une toile délaissée, nouvel exemple d’une histoire de l’art en marche.
AMSTERDAM - Le Musée Van-Gogh à Amsterdam vient de dévoiler Coucher de soleil à Montmajour, une huile sur toile datée très précisément du 4 juillet 1888, œuvre de jeunesse de Vincent Van Gogh. L’histoire du tableau est caractéristique de l’historiographie du peintre.
Issue de la collection de Théo, frère de Vincent, la toile a été vendue en 1901 à un collectionneur français, Maurice Fabre, avant d’être acquise par un industriel norvégien, lequel, persuadé d’avoir affaire à un faux, l’écarte de sa collection et l’entrepose dans son grenier.
En 1970, l’œuvre, qui n’est plus attribuée, passe de main en main. En 1991, son actuel propriétaire le soumet au Musée Van-Gogh pour expertise : la réponse est négative, il ne s’agit pas d’un Van Gogh. Acharné, le propriétaire attendra son heure, et revenu à la charge, parvient en 2013 à faire authentifier le tableau. Comment une toile d’un tel pedigree a-t-elle pu passer entre les mailles du filet ? L’œuvre n’est pas signée. Elle est pourtant bien référencée dans le Catalogue des œuvres de Van Gogh dans la collection de Théo, élaboré par Andries Bonger en 1890 ; elle est répertoriée en 1890 sous le numéro 180 et le titre Arles (Soleil couchant) 30. Mais depuis le début du siècle, les faux pullulent, attisés par un marché de l’art qui fait de Van Gogh un artiste parmi les mieux cotés. Faux grossiers ou attributions hasardeuses, les œuvres du peintre sont examinées au gré des scandales. La paranoïa atteint son apogée dans les années 1990, lorsque certaines toiles parmi les plus célèbres font l’objet de doutes émis par quelques experts et amateurs. Le Musée Van-Gogh d’Amsterdam, fondé dans les années 1970, se charge d’émettre des avis et de calmer les esprits. Conservateurs et experts de l’institution travaillent sur les 220 tableaux, 500 dessins et 800 lettres du peintre : sans l’aval de ces équipes, il est pratiquement impossible d’obtenir un certificat d’authenticité.
En 1991, lorsque le tableau Coucher de soleil à Montmajour se voit refuser son attribution, les techniques scientifiques (rayons X, analyses informatiques et microscopiques) ne sont pas encore très développées. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. D’autant plus que le musée a travaillé sur les correspondances du peintre et en a publié en 2009 son intégralité en six volumes. En 2008, l’institution a pu authentifier deux portraits de femmes dont l’attribution avait été mise en cause. En 2012, Nature morte avec fleurs des champs et roses, une toile du Musée Kröller-Müller, (Otterlo, Pays-Bas) est passée aux rayons X, dévoilant des lutteurs sous la couche picturale, figures évoquées par Van Gogh dans sa correspondance : le tableau réintègre le catalogue raisonné. L’alliance des analyses scientifiques et historiographiques se révèle donc payante, et augure encore de belles (re)découvertes.
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Itinéraire d’un tableau oublié
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°397 du 20 septembre 2013, avec le titre suivant : Itinéraire d’un tableau oublié