ITALIE
Les carabiniers ont récupéré plus de 2 000 objets à l’issue d’une enquête de trois ans qui les a menés de la ville de Tarente jusqu’au nord de l’Europe.
Italie. Opération « Taras ». C’est le nom d’une vaste enquête lancée en février 2019 par le Comando Carabinieri per la Tutela del Patrimonio Culturale (TPC, Commandement des carabiniers pour la protection du patrimoine culturel). Coordonnée par le parquet de Tarente dans les Pouilles, elle vient de s’achever, permettant à cette unité de la gendarmerie italienne de démanteler un réseau de trafiquants de pièces archéologiques. Plus de 2 000 vestiges de la Magna Grecia (« Grande Grèce ») datant du VIe au IIe siècle avant J.-C. ont ainsi pu être récupérés.
Tout commence il y a plus de trois ans lorsque les carabiniers découvrent qu’un suspect de crimes contre le patrimoine culturel effectue des séjours réguliers dans un hôtel de Munich avec, dans ses bagages, des vestiges archéologiques. Partant régulièrement de Tarente, il traverse la Péninsule en train pour rallier Bruxelles via l’Autriche et l’Allemagne. Les autorités italiennes ont alors mobilisé l’arsenal de filatures et d’écoutes téléphoniques à leur disposition tout en nouant une étroite collaboration avec les polices allemandes, belges, suisses et hollandaises. Un vaste trafic illicite a ainsi été mis au jour qui reposait sur des organisations criminelles et mafieuses agissant depuis les Pouilles et disposant de relais à l’étranger.
Le principal suspect a été appréhendé une première fois en janvier 2020 à Munich en possession de vestiges archéologiques d’une indiscutable valeur artistico-historique. Il a ensuite été de nouveau arrêté en novembre 2021 à Delft aux Pays-Bas en possession notamment d’un rare casque hellénistique. C’est l’aboutissement d’une série de perquisitions menées l’été précédent en Belgique et aux Pays-Bas qui a permis d’identifier un appartement bruxellois servant à la fois de repaire et de dépôt pour environ 1 000 œuvres volées principalement dans la région de Tarente. Parallèlement, de nombreux vestiges italiens ont été retrouvés auprès de marchands de la capitale belge ignorant leur réelle provenance. L’enquête a enfin permis de découvrir à Delft un atelier de restauration où les objets antiques transitaient avant d’être vendus sur le marché.
Une série de perquisitions a également été menée en octobre 2021 à Tarente et dans ses environs au domicile des différentes personnes impliquées dans ce trafic. Environ 1 000 objets ont été retrouvés et treize personnes déférées devant la justice pour association de malfaiteurs, recel, fouilles clandestines et possession illégale de vestiges archéologiques. Les enquêteurs ont pu également effectuer une cartographie précise des sites sur lesquels les fouilles clandestines avaient été effectuées, s’assurant ainsi des lieux d’origine des objets dérobés.
Tarente n’est pas uniquement l’épicentre des activités criminelles nuisant au patrimoine archéologique italien. Elle est aussi celle de sa préservation. Le Musée archéologique national de Tarente (Marta), fondé en 1887, est l’un des plus importants de la Péninsule et a été profondément restauré et remanié ces dernières années. Début 2021, Barbara Davidde a pris la direction d’une Surintendance nationale pour le patrimoine culturel subaquatique, dont le siège est à Tarente et deux centres opérationnels sont à Venise et Naples. Le développement des recherches archéologiques subaquatiques a donné une forte impulsion au projet « Archeomar » lancé en 2004. Plus de 1 000 sites ont déjà été recensés.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Italie, démantèlement d’un vaste trafic de biens archéologiques
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°589 du 13 mai 2022, avec le titre suivant : Italie, démantèlement d’un vaste trafic de biens archéologiques