Ils font la Fiac des contemporains

Si Daniel Templon ne compte pas moins de quelque quarante-six années d’activité depuis l’ouverture en 1966 de sa galerie, rue Bonaparte, Véronique Jaeger peut se flatter de diriger une galerie historique fondée en 1925, rue du Cherche-Midi : la Galerie Jeanne-Bucher, qui a accouché de la Galerie Jaeger Bucher après l’arrivée de Jean-François Jaeger au décès de Jeanne Bucher en 1947. Quant aux autres, s’ils n’ont créé leur enseigne que des décennies plus tard – Claudine Papillon en 1989, Georges-Philippe et Nathalie Vallois en 1990, Nathalie Obadia en 1993, Jérôme de Noirmont en 1994 et Almine Rech en 1997 –, ils ont très vite assis leur notoriété et leur ascendance. Ainsi Georges-Philippe Vallois assure-t-il la présidence du Comité professionnel des galeries d’art depuis décembre 2011.

« Mixed media » et « mixed artists »
Tous animés d’une même passion, ils contribuent activement à la dynamique de la scène artistique française, voire à son rayonnement international, et on les retrouve régulièrement sur les foires, comme ici à la Fiac, rendez-vous incontournable à leurs yeux qu’ils ne voudraient manquer sous aucun prétexte. Tous conduisent une égale programmation, constituée d’artistes hexagonaux mais largement ouverte aux étrangers – Ange Leccia voisine avec John Giorno [lire p. 28] chez Almine Rech –, et une même politique volontariste de diffusion de leurs artistes au-delà de nos frontières. À cette fin, certains se sont même donné les moyens d’aller au-devant en s’exportant : si la Galerie Templon s’est un temps multipliée à Milan, de 1972 à 1976, Almine Rech et Nathalie Obadia ont inauguré une antenne à Bruxelles en 2008. Nathalie Obadia qui vient d’annoncer par ailleurs l’ouverture, au début  de 2013, d’un second espace dans le 4e arrondissement parisien.

Parce que l’époque est à l’éclectisme et que ces galeristes défendent tous les modes d’expression, chacun peut avancer quelques noms remarquables et prospectifs : ainsi Koons, Shirin Neshat et Hyber chez de Noirmont ; Shirley Jaffe, Sarkis et Pinaud chez Obadia ; Jim Dine, Garouste et Cognée chez Templon ; Villeglé, Bublex et Barbier chez Vallois ; Erik Dietman et Frédérique Loutz chez Claudine et Marion Papillon. À propos de galerie, il est bien difficile de parler de ligne. On observe toutefois que certains sont portés sur la peinture ou la sculpture (Templon, Obadia), alors que d’autres sont séduits par la vidéo (de Noirmont) ou le Mixed media  (Vallois). Pour autant, aucun ne se refuse à un mode ou à un autre, l’hybride étant résolument la marque du temps.

Si, du fait de leur longévité professionnelle, certains ont assisté et participé à la transformation du milieu de l’art et, partant, à celle de leur métier, les autres ont appris de leurs aînés que la durée en était la clef de voûte. L’un de leurs points communs est de ne jamais céder aux effets de mode, mais de prendre volontiers en compte les effets d’époque, car ce sont eux qui animent et impulsent sur le long terme la création artistique. D’ailleurs, à une ou deux exceptions près, les artistes qu’ils présentent à la Fiac sont tous plus ou moins confirmés.