Hugo Vitrani - Curateur

Serait-il lui-même un esprit souterrain ? S’il s’agit de prendre l’expression au sens littéral, cela va sans dire : forgé par la pratique du graffiti à l’adolescence, il en hérite l’attrait pour les marges et les subcultures, l’ivresse du risque et la tentation du vandalisme. Pourtant, on chercherait en vain chez ce jeune commissaire d’expositions quelque trace de l’homme soliloquant dans le roman de Dostoïevski, auquel il emprunte le titre de sa dernière exposition. Chez lui, nulle expression ressassée d’une vie sans éclat. Poussé rive gauche dans le milieu de l’art parisien, Hugo Vitrani évoque plutôt les jeunes lions dont Balzac a peuplé La Comédie humaine. Il en a les airs de dandy, la vivacité et le goût – mais aussi le pedigree et le carnet d’adresses. Bref, tout ce qu’il fallait pour abandonner ses études de droit et se frayer une voie vers Mediapart, où il commence un stage à l’âge de 23 ans. Ou pour aborder au culot Jean de Loisy et lui proposer d’infiltrer le graffiti au Palais de Tokyo. Cette aisance lui offre d’opérer cette délicate synthèse : fondre les héritiers les plus intransigeants de la scène graffiti dans le champ de l’art contemporain, suggérer qu’il existe une communauté d’approches ou d’expériences entre les artistes. Elle lui ouvre aujourd’hui une nouvelle zone d’ombre à explorer : les mégapoles du Sud. Dans cinq d’entre elles, Hugo Vitrani va défricher les champs fertiles passés sous les radars de l’Europe. Les artistes qu’il aura sélectionnés seront présentés en 2019 au Palais de Tokyo.