G. Cerutti, Guillaume le Conquérant

Par Armelle Malvoisin · L'ŒIL

Le 20 novembre 2008 - 522 mots

Si son arrivée à la tête de Sotheby’s France en septembre 2007 a étonné, c’est que le passage du secteur public au domaine privé (et vice versa) n’est pas une chose naturelle, du moins dans l’Hexagone.

« Mon Colbert »
Énarque de formation, Guillaume Cerutti a fait carrière dans l’Administration, avec quelques références culturelles prestigieuses : à la direction du Centre Georges Pompidou, puis comme chef de cabinet du ministre de la Culture et de la Communication où il a été l’initiateur des lois de 2002 et 2003 sur le mécénat des entreprises dans le domaine artistique. « Guillaume Cerutti possède à la fois une fermeté de caractère doublée d’une personnalité très attachante et sérieuse, une évidente affinité avec le monde de la culture et une immense capacité de travail qui m’a impressionné, observe l’ex-ministre Jean-Jacques Aillagon. Il arrivait aux aurores et partait tard le soir. Je l’appelais mon “Colbert”. »

L’homme de la situation
Guillaume Cerutti était attendu comme le Messie chez Sotheby’s, à un poste très opérationnel. La maison de ventes est traditionnellement pilotée en Europe par la crème de l’aristocratie et conseillée stratégiquement dans l’ombre par un pool d’hommes d’affaires-collectionneurs-apporteurs d’affaires.
Alors qu’elle est coleader mondial dans les ventes aux enchères d’art, elle avait conservé en France une activité réduite, privilégiant l’exportation, se heurtant à la fois à une réglementation et une fiscalité françaises non concurrentielles et donc inadaptées, ainsi qu’à une culture anglo-saxonne d’entreprise tirant la couverture à elle en faveur des places de Londres et de New York.
Faire bouger les lignes représentait un challenge excitant pour Guillaume Cerutti, fin stratège, négociateur hors pair et lobbyiste-né. Son autorité enrobée de douceur a charmé tout le monde. À commencer par deux grands experts historiques de sa rivale Christie’s, débauchés pour renforcer l’équipe de Sotheby’s France, passée ainsi de soixante à quatre-vingt personnes en un an. Audacieux et déterminé, humain et chaleureux, à l’écoute des gens, il ne se la joue pas « perso », ni « mégalo ».

Culture et course à pied
« Guillaume Cerutti était l’homme de la situation, note Laure de Beauvau-Craon, vice-présidente de Sotheby’s Europe, il dirige avec subtilité. Grand diplomate, il a conquis nos dirigeants de Londres et New York et développé nos ventes parisiennes, tout en continuant à alimenter nos salles de ventes anglo-saxonnes en œuvres d’art. J’espère qu’il sera là pour longtemps. » D’autant que la réforme du marché de l’art français se fait encore attendre.
Mais l’endurance, c’est également le fort de ce semi- marathonien. Sans oublier la culture, son autre passion privée. Mélomane et cinéphile, il préside le conseil d’administration de l’ensemble d’art vocal Accentus et est membre du comité d’honneur du Cercle des amis de la Cinémathèque.

Biographie

1966
Naissance à La Ciotat (Bouches-du-Rhône).

1989
Jeune diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, il entre à l’ENA.

1991-1995
Conseiller financier au secrétariat général aux Affaires européennes.

1996-2001 
Directeur général du Centre Georges Pompidou.

2002
Nommé directeur du cabinet de Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture.

2004
Directeur général de la Direction générale de la concurrence et de la consommation au ministère de l’Économie et des Finances.

2007
P.-D.G. de Sotheby’s.

Sotheby’s Paris
Galerie Charpentier - 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré
Paris VIIIe, tél. 01 53 05 53 05
www.sothebys.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°608 du 1 décembre 2008, avec le titre suivant : G. Cerutti, Guillaume le Conquérant

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