François-Xavier Courrèges

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 juin 2004 - 166 mots

Depuis quelques années, François-Xavier Courrèges semble raconter par fragments lancinants les épisodes d’une même mélancolie amoureuse teintée de sentimentalisme. Si Fusion énonce toujours le couple, la rupture, l’écrasement assené par la passion, libère une épaisse émotivité au moyen d’un long plan fixe et d’un son étiré, les personnages distillent cette fois quelques mesures de distance et de légèreté en installant un motif complexe et malicieux. L’indissociable couple Ernest et Barnabé de Sesame Street posé dans un décor acidulé, tourne sur un socle, au rythme d’un vieux titre de Depeche Mode distordu, ralenti à l’extrême, répétant en boucle la même phrase redoublée par la voix de Courrèges. Le couple statufié en bougie d’anniversaire se consume lentement. Littéralement. La flamme dévore le premier, puis s’empare brusquement du second, incarnant sans doute la passion dévorante et fusionnelle, évoquant peut-être la lente disparition de l’enfance. Bercé et isolé par la bande sonore, le spectateur s’abandonne alors à sa mélancolie, à ses souvenirs, et retient comme un goût de bonbon acidulé.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°559 du 1 juin 2004, avec le titre suivant : François-Xavier Courrèges

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