La démission du directeur général du festival international de la photographie met un terme à plusieurs mois de tensions avec ses partenaires publics comme avec la Fondation Luma.
ARLES - François Hébel est donc passé aux actes. Sa démission de la direction des Rencontres d’Arles de la photographie, dont la ministre de la Culture prend acte, signe plus d’un an de ressentiments face aux ambitions artistiques et culturelles de la Fondation Luma et sa fondatrice Maja Hoffmann, trésorière et mécène par ailleurs du festival. Elle signe aussi son désappointement vis-à-vis des partenaires publics du festival : Hervé Schiavetti, le maire d’Arles, Michel Vauzelle, le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), ainsi que le ministère de la Culture, qui ne l’ont pas soutenu dans son projet de développement des Rencontres, lié à la création d’un « Centre mondial de la photographie » sur le parc des Ateliers. Ces anciens ateliers SNCF sur lesquels il déploya il y a douze ans les Rencontres internationales de la photographie en multipliant les expositions, sont, depuis cet été, la propriété de la Fondation Luma. À l’exception toutefois du magasin électrique, autre bâtiment du site, qui deviendra le siège des bureaux d’Actes Sud et de l’Association du Méjan, laquelle organise chaque été des expositions en relation avec les publications de la maison d’édition.
Mais, dès le mois de juillet 2012, lorsque François Hébel a dévoilé son projet, il semblait peu probable qu’il se réalise sur les terrains du parc des Ateliers que Maja Hoffmann convoitait d’acquérir dans sa presque totalité auprès de l’Area, opérateur de la région Paca pour l’aménagement de cette immense friche industrielle. Le projet de la Fondation Luma, autour de la reconversion du site en lieu d’expositions, de productions, de résidences et de rencontres dédiées à l’image et à l’art contemporain présente quant à lui un double avantage. Il est entièrement financé par la Fondation et dote la ville à l’année d’un pôle culturel et artistique ; un pôle jugé par les pouvoirs publics, à commencer par le maire, complémentaire pour l’économie de la ville avec la « Fondation Vincent Van-Gogh », à l’ouverture prochaine, et les activités des Rencontres d’Arles.
Un « Centre mondial » trop coûteux
Par ailleurs, le projet de « Centre mondial de la photographie » de François Hébel a un coût : 47 millions d’euros sur dix ans ; l’État, la Région et la Ville ont été solicités mais aucune de ces trois instances ne peut s’engager actuellement, la Ville en raison de ses ressources très limitées et l’État au regard de son engagement financier, via le ministère de la Culture, dans la construction du nouveau bâtiment de l’École nationale supérieure de la photographie dont il doit supporter largement l’investissement (19 millions d’euros).
Une nouvelle ère
« Les propositions de mise à disposition de lieux d’exposition dans des conditions sensiblement identiques à celles de l’édition 2013 qui font l’objet d’échanges actuellement », comme l’a rappelé Aurélie Filippetti en réaction à la démission de François Hébel, n’ont pas convaincu le directeur du festival, pessimiste sur le devenir des Rencontres dans cette conjoncture. Il n’en devrait pas moins assurer l’édition 2014 à la demande du président des Rencontres, Jean-Noël Jeanneney, notamment dans la grande halle du parc des ateliers dont la Fondation Luma lui garantit l’usage pendant deux ans. Quoi qu’il en soit, son départ programmé ouvre une nouvelle ère pour les Rencontres, avec un nouveau directeur ou une nouvelle directrice, voire un nouveau président, au cas où Jean-Noël Jeanneney, complice et solidaire de François Hébel dans sa proposition de « Centre mondial de la photographie », partirait aussi. En dépit des annonces sur l’avenir sombre qu’Hébel dessine pour les Rencontres, celui ou celle qui lui succédera devra montrer que l’on peut faire aussi bien voire mieux que ce qui s’est fait jusqu’à présent.
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François Hébel jette l’éponge
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°401 du 15 novembre 2013, avec le titre suivant : François Hébel jette l’éponge