Pour sa IXe édition, le Palmarès des musées 2012 Artclair L’œil-Le Journal des Arts met en avant l’engagement des musées en faveur
des expositions temporaires. Analyse.
Si, pour certains, la mission principale d’un musée doit être l’enrichissement et la conservation des collections, créer l’événement autour de leurs activités est devenu une nécessité. Les villes ont ainsi bien compris l’intérêt de rénover leurs musées et de le faire largement savoir à leurs administrés, histoire de leur montrer où vont leurs impôts, mais aussi aux touristes français et étrangers. On ne compte plus les lieux en travaux qui ont rouvert récemment.
Les dépenses de rénovation se sont ainsi élevées à près de 92 millions d’euros en 2011. Deux musées du Nord, le LaM de Villeneuve-d’Ascq et le Musée de Flandre à Cassel, engrangent les bénéfices de leur cure de rajeunissement en septembre 2010 pour gagner plusieurs places dans le Palmarès.
Dans la capitale, Orsay, qui était huitième en 2010 (et non classé en 2011), occupe cette année une solide deuxième place en partie justifiée par l’inauguration en octobre 2011 de nouvelles salles d’art décoratif et par la réouverture des salles impressionnistes où convergent la presque totalité de ses visiteurs. Et les mois à venir s’annoncent encore plus riches avec l’avènement du pavillon d’Art islamique au Louvre, le Louvre-Lens, la fin des travaux du Musée des beaux-arts de Marseille et bien d’autres.
Autour de mille expositions par an
Mais passé l’euphorie liée à la réouverture, il faut essayer de faire revenir les visiteurs ou d’en séduire de nouveaux. C’est précisément la fonction des expositions temporaires. Il n’est pas possible de déterminer le trafic spécifique attaché aux expositions, mais on l’imagine élevé. Alors que la fréquentation des musées a progressé de 5,5 % à base constante pour atteindre 44 millions de visiteurs en 2011 (à comparer aux 215 millions d’entrées dans les cinémas, qui affichent un record historique), le nombre des seuls visiteurs payants, dont on suppose qu’ils sont attirés par les expositions, a bondi de 7 %.
C’est un domaine qui est très déterminé par le nombre et la qualité des offres. Or, malgré la situation économique morose des collectivités publiques, celles-ci ont continué à faire le pari de la culture. Le nombre d’expositions reste autour de 1 000 pour l’année, alors que les manifestations montées avec un catalogue, qui signale souvent leur importance, ont augmenté de 2 % (même base), pour atteindre le nombre élevé de 438.
Les budgets alloués à leur organisation progressent encore pour dépasser les 75 millions d’euros, deux fois plus que les budgets d’acquisition. Il semble que les musées se tournent de plus en plus vers les mécènes ou donateurs pour enrichir leurs collections, préférant consacrer leurs finances à la production d’expositions. Ils ont ainsi déboursé 3,5 euros par visiteur payant (hors frais de personnel et coûts de fonctionnement). Des dépenses qu’ils espèrent récupérer avec les recettes de la billetterie ou celles de l’audioguide, quand il y en a.
Le Web, plus que jamais un outil d’avenir pour les musées
Peu ont encore parié sur les applications téléchargeables pour smartphones. Le Palmarès 2012 ne compte que dix musées qui offrent ce service. Pourtant, toute une économie est en train de se mettre en place autour de ces guides d’aide à la visite qui ont l’immense mérite de personnaliser les approches, de participer à la promotion de la manifestation et d’engendrer de nouvelles recettes pour l’organisateur. Internet, c’est une banalité de le dire, est une formidable caisse de résonance, à moindre coût, pour des musées en mal de ressources. Alors qu’il n’y a jamais eu autant de participants aux multiples conférences organisées, le plus souvent en liaison avec une exposition (plus de 650 000 personnes), les internautes sont de plus en plus nombreux à suivre les musées sur les réseaux sociaux. Ils sont ainsi plus d’un million de « fans » .
Mais le Web permettra-t-il de rétablir un équilibre entre Paris et la province ? Pas sûr. 77 % des visiteurs sont à Paris, les plus grandes expositions, de Manet à Orsay (470 000 visiteurs) à Edvard Munch au Centre Pompidou (487 000 visiteurs) en passant par les Mayas au Quai Branly (219 000 visiteurs), se tiennent encore à Paris. Contre toute attente, les « fans » Internet des musées parisiens représentent un pourcentage encore plus élevé que les visiteurs : 88 %.
Les régions n’ont cependant pas à rougir de leur équipement et de leur programmation, la suprématie parisienne repose en grande partie sur le poids de la population en Île-de-France et sur les nombreux touristes présents dans la capitale. La preuve, en période estivale, les expositions dans les musées parisiens font plus ou moins relâche quand celles qui sont proposées en région, particulièrement dans les zones touristiques, sortent leurs plus belles toiles.
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Expositions - Les musées restent engagés
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°648 du 1 juillet 2012, avec le titre suivant : Expositions - Les musées restent engagés