La ville de Saint-Tropez présente cette année la première édition de son « Été culturel ». Heureuse initiative,
l’exposition « ART’FAB » rend hommage aux femmes artistes d’Europe.
Avec son parfum d’indépendance, la ville où Roger Vadim tourna le mythique Et Dieu créa la femme (1956) est sans aucun doute le lieu rêvé pour rendre hommage aux artistes européennes. À Saint-Tropez, en ballerines et robe Vichy, Brigitte Bardot devient avec ce film mythique une icône, symbolisant pour longtemps la femme moderne et libérée dans toute sa splendeur.
Répartie sur quatre lieux, la manifestation « ART’FAB » constitue la première édition de « l’Eté
culturel de Saint-Tropez ». Plus féminines que féministes et plus fabuleuses les unes que les autres, plus de soixante artistes femmes nous rappellent que création et procréation ne sont pas antinomiques.
On cantonne la femme aux fourneaux et aux travaux manuels ? Yves Sabourin, le commissaire de l’exposition du Lavoir Vasserot, nous montre que la technique peut s’allier au sens sans l’entacher. Broderies savantes et tissages serrés le prouvent : la robe de mariée de Marie-Ange Guilleminot est doublée de plomb, pendant que la tapisserie de Tatiana Trouvé offre un pan d’érotisme aux voyeurs que nous sommes. Annette Messager revisite la foi alors que les Âmes de Martine Schildge sont tout simplement aériennes. La subversion textile se poursuit avec Christelle Familiari ou Ulla von Brandeburg. Mais c’est à la Salle Jean Despas que les artistes dévoilent les différentes facettes de la femme.
La séduction par exemple. En photographie, à la manière d’un corps qui n’entre pas dans les schémas de la mode avec Helena Almeida, ou bien façon poupée Barbie selon Alice Anderson. En belles lettres fleuries, la Taïwanaise Hsia-Fei Chang n’inscrit qu’un mot au mur, aussi attrayant que répulsif : « Salope », tandis que Dora Garcia s’empare du thème de la prostitution. Le corps de l’incisive Valie Export se confond avec l’architecture dans ses énergiques performances des années 1970 dont témoignent des photographies. Plus loin, Salla Tykkä nous livre sa version du « rêve Américain » : une femme pratiquant la boxe américaine, les tétons en sang. Rebecca Bournigault présente ses aquarelles hantées par des personnages obscurs et fantomatiques. C’est l’adolescence et la politique qui sont abordées par Rineke Djikstra dans ses portraits de jeunes filles israéliennes effectuant leur service militaire. Plus rêveuse, Janaina Tschäpe réalise des photographies dans lesquelles sexe et botanique se confondent. On pourra aussi aller voir sous les jupes de ces dames avec les clichés de Susanna Hesselberg.
Rondeurs d’acier
Mais qui mieux encore que les femmes peuvent mettre en scène l’éternel féminin, si ce n’est… les hommes ! À La Citadelle, hommes et femmes sont réunis et osent le grand format. Les animaux de bronze de Wim Delvoye participent à des jeux érotiques très humains. Hommage aux attributs féminins, Jean-Jacques Ory présente la sculpture d’un escarpin géant à talon haut, alors que Jean-Michel Othoniel orne les feuillages d’un arbre à l’aide d’un collier de perles. Séduisantes, les courbes féminines sont célébrées avec les sculptures de Stephan Balkenhol ou de Don Brown. Au Musée de l’Annonciade enfin, Thomas Schütte est l’auteur d’une femme massive, toute en rondeurs d’acier. « ART’FAB » en fait la démonstration : les femmes, tantôt muses, tantôt créatrices, sont juste… fabuleuses.
- Commissaire général : Susanne van Hagen - Commissaire déléguée : Danielle Gaudry Cazeau - Nombre d’artistes : 72 (dont 66 femmes) issus des 25 pays membres de l’Union européenne
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Éternel féminin
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Abonnez-vous dès 1 €- Salle Jean Despas, du 11 juillet au 31 août, place des Lices, 83900 Saint-Tropez, tél. 04 94 97 80 72, tlj 10h-20h, mercredi et vendredi jusqu’à 22h. - Lavoir Vasserot, du 11 juillet au 31 août, rue Joseph-Quaranta, tél. 04 94 97 54 57, tlj 10h-20h. - La Citadelle, du 11 juillet au 8 octobre, quartier Citadelle, tél. 04 94 54 84 14, tlj 10h-20h, mercredi et vendredi jusqu’à 22h. - L’Annonciade, Musée de Saint-Tropez, jusqu’au 16 octobre, place Grammont, tél. 04 94 17 84 10, tlj 10h-13h, 15h-22h. Cat., 192 p., 130 ill., 29 euros.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°241 du 7 juillet 2006, avec le titre suivant : Éternel féminin