Epatez la galerie

S’il ne constitue pas une grande révolution dans le domaine paisible de l’histoire de l’art, La Grande Galerie des Peintures est un ouvrage de découverte stimulant sur les collections du Louvre, d’Orsay et du Musée national d’art moderne. Placée sous l’égide du ministère de la Culture (cf. la préface lyrique de Jean-Jacques Aillagon), cette coopération entre les trois institutions a permis à notre collaborateur Adrien Goetz de naviguer librement entre les siècles, à travers une série de rapprochements entre des œuvres habituellement éparses. Organisés en chapitres (“Voir le monde comme un tableau”, “Raconter” et “Imaginer”), ces face-à-face sont attendus (“Copier/créer/s’approprier”, qui replace Made in Japan. La Grande Odalisque de Martial Raysse (1964) à côté de son modèle ingresque), surprenants (“Histoires, réalité, surréalité”, qui juxtapose Le Couronnement de l’impératrice Joséphine de David (1806-1807) à Xspace and the Ego de Matta (1945))… et parfois délirants. Était-il vraiment nécessaire de faire voisiner la Croix noire (1915) de Malévitch avec l’Ex-voto (1662) de Philippe de Champaigne sur la foi d’un motif partagé  ? L’ouvrage reste alors ce qu’il est : une invitation à la curiosité et à la visite non dénué d’humour et d’à-propos, si l’on se réfère au télescopage du Portrait de François Ier par Jean Clouet (1530) et de L’Hommage à Georges Pompidou par Vasarely (1976).