Vincentella de Comarmond, adjointe au maire en charge de la culture, dresse un premier bilan culturel de l’équipe municipale en place depuis 2008.
Jean-Christophe Castelain : Pourquoi la nouvelle équipe municipale a-t-elle organisé des « Assises de la culture » dès son arrivée en 2008 ?
Vincentella de Comarmond : C’est Pierre Cohen, le maire, qui les a souhaitées, c’était un engagement de campagne. Il n’y a pas eu que les Assises de la culture d’ailleurs, des assises ont été organisées dans d’autres domaines. Elles ont duré six mois, trente réunions publiques se sont tenues en tout. Tous les thèmes ont été abordés lors de réunions transversales, ensuite des rencontres plus techniques ont eu lieu autour de la structuration des filières. Cela a été l’occasion de donner la parole à de nombreuses personnes, au détriment peut-être des représentants des grandes institutions. Avec le recul, je regrette que celles-ci n’aient pas davantage pris la parole. À l’issue de ces Assisses, un comité de pilotage a été établi et chargé de rédiger le texte fondateur de la politique culturelle, assorti d’un plan d’action pluriannuel qui a fait l’objet, récemment, d’un bilan à mi-mandat.
J.-C.C. : Quelle suite avez-vous donnée à ces Assises ?
V.de C. : Nous avons maintenu les « Lundis de la culture », trois ou quatre fois par an. Ce sont des réunions publiques au cours desquelles sont abordées des thématiques spécifiques. La prochaine concernera les libraires indépendantes. Il existe par ailleurs un conseil consultatif des arts et de la culture, un organe de concertation autour de la politique culturelle municipale. C’est une instance qui fonctionne de manière fermée, et qui comprend une trentaine de membres venant du milieu professionnel (artistes, acteurs culturels…) mais aussi de la société civile. Ce conseil se réunit deux fois par an, il est précédé d’une réunion du comité d’animation qui joue le rôle de bureau.
J.-C.C. : Où en est le projet de la « Cité des arts », dont le plan d’action prévoyait le lancement en 2011 ?
V.de C. : Il est effectivement prévu d’installer une « Cité des arts » (comprenant entre autres une cité de la danse, un centre de documentation, une galerie d’exposition mutualisée) dans l’hôpital La Grave, encore en activité, mais les négociations avec le ministère de la Santé, propriétaire des lieux, sont plus longues que prévu. Un rendez-vous est fixé prochainement avec Marisol Touraine. La Ville ne peut évidemment pas acquérir au prix du foncier ces 18 000 mètres carrés et réaliser les travaux nécessaires de réhabilitation, sachant qu’ils se situent en zone inondable. D’autant que les priorités ne manquent pas. En 2012, 18 millions d’euros ont été investis dans la restauration du patrimoine, entre l’Espace culturel des Jacobins, la réhabilitation des fontaines, le plan « églises »… Une évaluation interne des futurs travaux est en cours. S’agissant du Musée des Augustins, nous en saurons plus l’an prochain.
J.-C.C. : Comment s’effectue la coordination des musées, inscrite dans le plan d’action ?
V.de C. : Nous recherchons toujours, non sans difficultés, un directeur des musées et du patrimoine. Après s’être réunis, les conservateurs, directeurs de musées et le directeur général culture font des propositions qui sont ensuite portées à la délégation des élus. Une responsable à la Mairie coordonne la communication des musées et nous allons mettre en place prochainement une cellule dédiée au mécénat d’entreprise. Nous disposons aussi d’un portail Internet dédié : « http://cultures.toulouse.fr/ ».
J.-C.C. : Où en êtes-vous de l’obtention du label « Ville d’art et d’histoire » ?
V.de C. : Compte tenu de l’immense chantier que nous avions devant nous à notre arrivée : renouer le dialogue avec les artistes et les acteurs culturels, donner une dimension métropolitaine à notre politique culturelle, mettre en place un dispositif d’éducation artistique ambitieux, établir des conventions d’objectifs et de moyens avec nos partenaires, contribuer à la mise en place de véritables filières artistiques, construire un véritable service culturel, etc., nous avons dû énoncer des priorités. Ce label est important mais il ne figurait pas au rang de nos priorités.
J.-C.C. : La Ville a acquis en 2008 le château de la Reynerie. Qu’allez-vous en faire ?
V.de C. : Dans un premier temps, nous allons transformer les 300 mètres carrés de l’orangerie du château en une quinzaine d’ateliers d’artiste. Les travaux vont démarrer en 2013. Ils viendront renforcer les trois friches culturelles que nous mettons à disposition de chorégraphes, de graffeurs, auxquels s’ajoutent les espaces gérés par l’association conventionnée BBB. Le château, c’est autre chose, c’est un petit espace qui nécessite de gros investissements de mise aux normes. Cela se fera sur plusieurs années. En revanche, la « Maison de l’image » qui doit être construite à proximité de la Reynerie, en plein quartier du Mirail et de son université, donc dans une zone sensible, est beaucoup plus avancée. Le projet architectural a été confié à l’issue du concours à l’agence lyonnaise Perraudin, le permis de construire va être déposé prochainement pour une livraison en 2015. Ce sera un lieu d’environ 6 000 m² dédié à l’image et au numérique avec un volet création, un espace d’exposition, une salle de diffusion modulable, des bornes interactives, des ateliers…
J.-C.C. : Toulouse a lancé de nombreux chantiers urbains ; allez-vous en profiter pour effectuer des commandes artistiques au titre du 1 % ?
V.de C. : Nous sommes effectivement engagés sur un vaste plan de rénovation urbaine. Le maire tient beaucoup à ce qu’e ces chantiers soient accompagnés de commandes publiques. Quatre œuvres sont installées sur tout le trajet du tram, d’autres seront implantées. En liaison avec la Drac (direction régionale aux Affaires culturelles) Midi-Pyrénées, nous allons réaliser un état des lieux du 1 % afin de mettre en place un plan d’envergure. Olivier Michelon, le directeur des Abattoirs, est associé à la réflexion.
J.-C.C. : Pourquoi avoir déplacé le prochain Printemps de septembre au printemps ?
V.de C. : C’est une volonté commune de la Ville et des organisateurs. Le festival Novela se déroule en octobre, et, afin de donner une plus grande visibilité au « Printemps », il est apparu plus judicieux de programmer ce dernier en mai-juin sur une durée de quatre semaines. Cela va aussi permettre à l’exposition des Abattoirs de se prolonger durant l’été. Novela et le Printemps sont deux manifestations très différentes, Novela étant un festival axé autour des savoirs.
J.-C.C. : Précisément, que répondez-vous aux acteurs locaux qui reprochent à la Ville de favoriser des manifestations socioculturelles type Novela, au détriment de manifestations au rayonnement national et international ?
V.de C. : Les chiffres parlent d’eux-mêmes ! La nouvelle équipe a augmenté le budget de la culture de 22 millions d’euros pour le porter à 129 millions. La Novela n’est pas un festival « socioculturel » mais un festival faisant le lien entre les mondes de l’art et ceux de la science et de la recherche. Nous avons entièrement financé les surcoûts liés au passage en EPCC (établissement public de coopération culturelle) de l’école des beaux-arts, dont le budget à la charge de la Ville est de 4,5 millions d’euros. N’oublions pas le Théâtre du Capitole et l’Orchestre national du Capitole que nous finançons à hauteur de 26 millions d’euros chaque année. Nous avons augmenté la subvention versée au Théâtre Garonne de 460 000 à 800 000 euros. Regardez le succès de l’exposition « Caravage » aux Augustins. Il est vrai que nous avons une politique ambitieuse d’équipements de proximité dans les quartiers, mais cela ne se fait pas au détriment de la culture. Et je n’oppose pas la culture et le socioculturel, ils sont complémentaires.
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Entretien avec Vincentella de Cormarmond - Adjointe au maire en charge de la culture
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°379 du 16 novembre 2012, avec le titre suivant : Entretien avec Vincentella de Cormarmond - Adjointe au maire en charge de la culture