Entretien avec Marc Sands

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 19 mars 2013 - 673 mots

La Tate Modern reste à l’écoute de ses visiteurs et de ses non-visiteurs via
les réseaux sociaux, outils privilégiés du directeur des médias et des publics de la Tate qui veut comprendre les relations qu’entretiennent art et public.

Christine Coste :Les Tanks sont-ils la préfiguration de ce que l’on verra dans les nouveaux espaces de la Tate Modern qui seront ouverts au public en 2015 ?
Marc Sands
: Oui. Si une grande partie du nouveau bâtiment conçu par Herzog et de Meuron est dédiée à la collection, les sous-sols seront réservés à ces nouveaux champs d’expérimentation. L’actuel bâtiment de la Tate Modern ne le permettait que de manière temporaire, et sans espaces permanents dévolus. L’agrandissement des surfaces de la Tate Modern avec ce nouvel édifice ( 70 % de mètres carrés supplémentaires) permettra de donner les espaces adaptés à ces performances.

C.C. : La programmation des Tanks a-t-elle amené d’autres publics au musée ?
M.S. : On le croit, mais nous n’en sommes pas encore certains. Avant et pendant l’ouverture, nous avons mené une enquête auprès d’un panel de 12 000 personnes que nous avons interrogées via les réseaux sociaux sur le programme, la tarification, la communication… Au vu des résultats de cette consultation, nous verrons la direction à prendre, non pas dans la programmation à mener dans ces galeries, mais au niveau des services, des outils, des tarifs à proposer. L’an dernier, la Tate Modern a été visitée par 5,3 millions de personnes, soit 10 % de plus qu’en 2011 ; l’exposition « Damien Hirst » et la programmation aux Tanks ont eu un impact sur ce résultat.

C.C. : Les réseaux sociaux tiennent-ils une place importante pour vous ?
M.S. : Très importante. Pour le site du musée, nous avons près de 800 000 à 900 000 abonnés sur Twitter et 500 000 sur Facebook. Nous avons d’ailleurs décidé de le segmenter à leur demande en fonction de leurs domaines de prédilection.

C.C. : Vous êtes directeur des médias et des publics à la Tate. Pourquoi avoir associé ces deux termes ?
M.S. : Cela fait deux ans et demi que nous avons décidé de rajouter le terme de « publics » à l’intitulé du poste, qui auparavant était simplement directeur des médias. Car nous voulons écouter nos publics, nous ne pouvons pas les ignorer. Cela ne veut pas dire pour autant que ce sont leurs opinions, leurs attentes qui font la politique de la Tate. Nous voulons simplement comprendre les relations qu’art et publics entretiennent. Si 45 % des opinions émises sur Twitter et Facebook émanent de touristes, 40 % proviennent de personnes du monde entier qui ne sont jamais venues à la Tate, mais entretiennent une relation avec elle. Même si l’on n’a jamais visité l’un de nos musées, elle est une marque que l’on connaît. Ce n’est pas pour autant un musée virtuel, c’est une autre expérience avec nos musées qui s’élabore et qui nous intéresse.

C.C. : Combien de personnes travaillent pour le website ?
M.S. : Huit personnes auxquelles s’ajoutent maintenant des conservateurs, commissaires d’exposition. Notre mission est d’élargir la compréhension de l’art britannique moderne et contemporain au plus grand nombre. Internet nous donne une chance d’agrandir le spectre des publics et d’avoir une relation avec eux plus approfondie. On n’en est toutefois qu’au début.

Repères

Directeur du marketing au Guardian et The Observer entre 2000 et 2010, Marc Sands a rejoint la Tate pour développer la stratégie des nouveaux médias.

Les Tanks sont un festival créé en 2012 consacré au live et à la performance. Ils marquent la phase 1 du projet d’expansion de la Tate Modern.

5,3 millions de visiteurs en 2012, dont 51 % ont moins de 35 ans, 45 % sont des touristes et 20 % seulement des amateurs d’art.

« Aujourd’hui, le musée devient autre chose. Il va devenir l’institution culturelle par excellence. Peut-être même une université. »
Chris Dercon, directeur de la Tate Modern à Londres, lors d’une conférence sur l’avenir des musées donnée le 25 novembre 2012 au Centre Pompidou.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°656 du 1 avril 2013, avec le titre suivant : Entretien avec Marc Sands

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