Après l’annonce d’un plan contesté de privatisation du patrimoine à l’automne 2001 (lire le JdA n° 136, 9 novembre 2001), le gouvernement Berlusconi a voté une loi confiant la gestion des biens culturels et environnementaux italiens à deux entreprises contrôlées par le ministère des Finances. Réagissant à ce texte vivement critiqué, le sous-secrétaire aux Biens culturels, Vittorio Sgarbi, déjà connu pour ses coups de théâtre, a annoncé le 12 juin sa démission du gouvernement.
ROME (de notre correspondant) - Précisément un an après la formation du gouvernement Berlusconi et alors que les polémiques sur la nouvelle loi patrimoniale présentée par le ministre des Finances Giulio Tremonti font rage, le sous-secrétaire aux Biens culturels Vittorio Sgarbi a annoncé son départ. Il s’est ainsi libéré des missions qui lui incombaient – la Biennale de Venise et le réaménagement de grands musées nationaux tels le Musée égyptien de Turin, ou la Galerie nationale de Brera à Milan, autant de différends avec le ministre de la Culture, Giuliano Urbani –, en déclarant ne plus pouvoir partager “les méthodes de ce ministère”. Bien qu’il soit désormais privé de fonctions officielles, Vittorio Sgarbi entend demeurer au sein du ministère en qualité de consultant “car c’est une scène idéale et je veux y rester”, a-t-il expliqué. Toutefois, cette situation sera incompatible avec une éventuelle responsabilité externe, comme un poste à la direction de Raisat Art (une chaîne de télévision de la Rai sur le satellite consacrée aux biens culturels) ou un autre à définir au sein de l’Unesco. En outre, le ministre a évoqué le nom du sous-secrétaire pour endosser la responsabilité scientifique d’un “projet de diffusion du patrimoine artistique italien en Italie et à l’étranger” encore imprécis. À cette occasion, Giuliano Urbani a déclaré : “Nous avons deux conceptions très distinctes de l’administration de l’État. Lui veut toujours dire ce qu’il pense, tandis que j’occulte mes préférences. Naturellement, je respecte le programme du gouvernement et je n’oublie pas que nous devons servir 55 millions d’Italiens.” La loi dite “salva-deficit” mise en place par le ministre des Finances – objet de la dernière polémique entre Giuliano Urbani et Vittorio Sgarbi – a été définitivement approuvée le 14 juin. Dès le mois de juillet, la société Patrimoine d’État, prévue par l’article 7 de cette loi, et contrôlée par le ministère des Finances, sera chargée de la gestion des biens nationaux et de leur valorisation. Provoquant de vives réactions au sein de l’opposition, la loi avait également alerté la majorité parlementaire et notamment Vittorio Sgarbi. Le président de la République italienne, Carlo Ciampi, a alors invité le président du Conseil, Silvio Berlusconi, à mettre en place “des garanties spécifiques pour la gestion de la totalité des biens d’intérêt culturel et environnemental”. Malgré le fait que le ministre de la Culture ait assuré qu’aucun musée, monument ou bien archéologique ne serait vendu (la Constitution et le Code civil l’empêchent), l’opposition des associations culturelles et environnementales (Fondo per l’ambiente italiano – lire l’article p. 15 –, Legambiente, Italia Nostra, WWF, Greenpeace, Istituto Nazionale di Urbanistica, Associazione Bianchi Bandinelli) à cette loi reste ferme. C’est pourquoi, la possibilité d’organiser un référendum pour sa suppression a été évoquée, ce qui, selon Vittorio Sgarbi, “ferait perdre la face au gouvernement et gagner le centre droit”.
Quant à l’ancienne ministre de la Culture, Giovanna Melandri, elle a été chargée de présenter un projet de loi qui renforcera la réglementation en matière de biens culturels, établie en septembre 2000 grâce à la collaboration d’institutions de tutelle. “Il faut graver en lettres d’or ce qui est inaliénable et ce qui ne l’est pas”, conclut-elle.
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Énième coup de théâtre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°152 du 28 juin 2002, avec le titre suivant : Énième coup de théâtre