Et si la Lorraine était en train de devenir un des hauts lieux de la France des musées, des jardins, des monuments et de l’art contemporain ?
On croyait la Lorraine austère et endormie.
Jadis, les vieux briscards entraînaient leurs petits-enfants au « musée de la Guerre » de Gravelotte, le plus touchant des musées d’histoire de l’Est, dominé par un grand portrait de Napoléon III, au bord de la route qui vit passer l’armée française en débandade en 1870. Une promenade qui pouvait se poursuivre au musée de la Citadelle de Bitche et au mémorial de Verdun. Les lecteurs de Charles
Péguy enjambaient la Meuse endormeuse à Domrémy, ruisseau dans le jardin de la maison de Jeanne. Puis vinrent les années 1970 : les Messins subirent l’éventrement de leurs quartiers anciens, la « Maison des têtes », chef-d’œuvre de la Renaissance déplacée pierre par pierre pour laisser place à des aménagements commerciaux, la lourde restauration de Saint-Pierre-aux-Nonnains, la plus ancienne église de France, qui a perdu tout son charme et n’a guère gagné en rigueur archéologique.
Depuis quelques mois, tout bouge. Épinal se dote d’un nouveau musée de l’imagerie (cf. L’Œil n° 548), Vic-sur-Seille accueille une superbe collection de peintures, autour d’un chef-d’œuvre retrouvé de Georges de La Tour (cf. p. 33). Sarrebourg ouvre un musée, dans un bâtiment épuré conçu par Bernard Desmoulin. On y voit des porcelaines de Niderviller, une des plus injustement oubliée des grandes manufactures du XVIIIe siècle, mais aussi un passionnant ensemble de pièces archéologiques. Le dernier jardin contemporain dont « tout le monde parle » vient d’être inauguré au château de Pange : œuvre de Louis Benech et Alain Cardon, il réinvente le XVIIIe siècle lorrain. À Metz, on s’extasie enfin devant l’église Sainte-Thérèse, manifeste de l’architecture de béton édifiée par Roger-Henri Expert (1882-1955). Il y a dix ans, on voulait détruire ce miracle de lumière, aujourd’hui, on le restaure.
Rendez-vous au dîner des andouilles
L’âge d’or semble revenu. Les 27 et 28 novembre, le quatrième congrès interprofessionnel de l’art contemporain se tiendra à Metz, à l’Arsenal. À cette occasion, le plus branché des lieux alternatifs
messins, la galerie Octave Cowbell, dans la jolie rue des Parmentiers, accueillera une exposition du photographe Éric Poitevin. S’ensuivra un dîner de « l’association des défenseurs de l’andouille » – les gastronomes mésestiment à tort l’andouille de Lorraine, pour lui préférer ses cousines de Vire, de Villedieu ou de Guéménée –, dans la salle Ochs de la colline Sainte-Croix. Tout le gotha de l’art contemporain lorrain y célébrera le nouveau Frac et l’arrivée annoncée de l’antenne du centre Pompidou. Ce sera en 2006 : plût au Ciel que l’on ne détruise pas, pour l’édifier, le site de l’amphithéâtre romain. Il n’a guère été fouillé. C’est pourtant là que saint Clément, le mythique fondateur de Metz, terrassa le Graouli, dragon dont la dépouille empaillée se trouve toujours au trésor de la cathédrale. Honneur au bon vieux Graouli ! Il sera peut-être un jour installé dans le hall d’entrée du futur centre Pompidou hors les murs, comme la première installation d’art contemporain qui, depuis le Moyen Âge, protège la ville de Metz
Pour en savoir plus sur le 4e Congrès interprofessionnel de l’art contemporain (Cipac) : www.cipac.net Pour visiter les jardins contemporains du château de Pange en Lorraine, tél. 03 87 64 04 41.
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En passant par la Lorraine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°550 du 1 septembre 2003, avec le titre suivant : En passant par la Lorraine