Autour du triangle d’or : le Quartier Drouot, le Cercle Beaux-Arts Rive Gauche et le Louvre des Antiquaires.
En parallèle au Salon du dessin, les galeries qui donnent au support papier un air de fête et de découverte apparaissent d’année en année plus nombreuses. Pour attirer l’attention des amateurs, les initiatives collectives sont les bienvenues, émanant en premier lieu du Quartier Drouot, qui anime l’événement depuis six ans. Cette association de professionnels installés autour de l’hôtel des ventes parisien bénéficie aussi de la proximité géographique de la Bourse. Cette année, dix-sept marchands dont cinq nouvelles enseignes participent à l’événement. « C’est 20 % de plus qu’en 2005. Ce qui prouve le dynamisme de notre quartier », souligne Alexis Bordes, le président de l’association.
Parmi les nouveaux arrivants figurent : Pierre Nachbaur de la Galerie Dreyfus – un spécialiste des grands noms du XXe siècle qui ne s’empêche pas de chiner les maîtres anciens, tel Tiepolo ; Rodolphe Metidji, avec une sélection de feuilles du XVIIIe au XXe siècle ; Xavier Eeckhout, un généraliste qui a ouvert sa galerie au début du mois de décembre ; et Régis Le Minoux et Antoine Rauffet de la galerie Enora. L’accrochage concocté par ces derniers porte sur les XIXe et XXe siècles, à l’exemple d’une Tête d’apôtre à la mine de plomb et estompe de Savinien Petit (4 000 euros) et de Maisons à Ischia, une aquarelle vers 1851-1853 d’Auguste Ancelet (2 000 euros).
Un Cercle réputé
Le cabinet principalement dédié aux dessins anciens de Stéphane Pinta – lequel, après avoir dirigé la Galerie Moatti, a trouvé place rue Drouot depuis novembre 2005 –, offrira notamment L’Enlèvement d’Europe, une petite aquarelle inédite de Géricault préfigurant le Radeau de La Méduse (autour de 15 000 euros). « Nous conservons parfois près d’un an une feuille pour la Semaine du dessin. Et, parce que nous avons l’habitude dans ce quartier de travailler avec d’autres confrères, nous proposons les œuvres à prix “marchands”, ce qui, bien évidemment, profite aussi aux clients particuliers », rappelle Alexis Bordes, qui présente pour sa part un extraordinaire paysage aquarellé signé Henri Joseph Harpignies à 12 000 euros.
Le Cercle Beaux-Arts, de son côté, n’en est qu’à sa deuxième participation à la Semaine du dessin. Pourtant, avec seulement sept exposants en 2006, ce regroupement de marchands de la rive gauche se taille déjà une solide réputation, ce sous l’impulsion de Georges et Angélique Franck, de la Galerie Artesepia. Parmi leurs récentes acquisitions seront montrées une Paire de paysages maritimes du XVIIIe à la gouache de Jean-Nicolas Servandoni (12 000 euros) et Études de bergères à la pierre noire de l’artiste du XVIIIe siècle Jean Pillement (1 500 euros). Signalons deux accrochages thématiques : « La Russie de 1910 à 1930 » à la Galerie Petrouchka, illustré par une aquarelle suprématiste de Klioune datant de 1916-1918 (15 000 euros), et « Ciels et lumières d’Italie 1780-1850 » à la Galerie R.-F. Teissèdre, autour de Gauffier, Lapito, Michallon, Sarazin de Belmont, Fleury, Giroux, Ravier… Mais c’est l’arrivée de la prestigieuse Galerie Ratton-Ladrière dans le Cercle Beaux-Arts qui constitue cette année un petit événement. « Cela fait dix ans que nous postulons, sans succès, pour entrer au Salon du dessin. Il faut croire que nous avons seulement vocation à être leur fournisseur, explique non sans un certain agacement Sandrine Ladrière. Nous nous sommes donc joints au groupe de la rive gauche. » La galerie réputée pour la sculpture et les objets d’art médiévaux et de la Renaissance possède aussi un département peintures et dessins reconnu. Son exposition se concentre principalement sur le XVIIIe français, autour d’une trentaine de pièces allant de 2 000 à plus de 50 000 euros. Outre Une femme nue allongée à la pierre noire et craie blanche de Charles Joseph Natoire et six dessins de Nicolas René Jollain (1732-1804) – un petit maître parfois confondu avec Fragonard et dont la galerie prépare une publication –, est montré un très beau Saint Roch de Tiepolo.
Des joailliers aussi
Le Louvre des Antiquaires signe lui aussi son deuxième coup d’essai. Toutes les galeries ont été invitées à participer, soit par un prêt d’œuvres pour une exposition commune, soit avec l’organisation d’une exposition individuelle. Dominique Bert présente ainsi une encre de Chine sur papier de 1986 de Zao Wou-ki et Les Chevaliers, un dessin aux crayons gras signé Cocteau et daté 1957. La galerie Spicilège met en exergue trois dessins du sculpteur Richard Guino (1890-1973), qui fut un collaborateur de Renoir, et la Galerie des Modernes, deux dessins signés Gleizes et Delvaux. Plusieurs antiquaires qui ne proposent habituellement ni tableaux ni dessins ont voulu jouer le jeu, comme le spécialiste en bijoux et argenterie Bernard Grassin-Champernaud. Ce grand collectionneur de dessins de bijoux conçus dans les années 1920 à 1960 pour des marques comme Boucheron, Mauboussin ou encore Van Cleef & Arpels montre des pièces rares, telles deux planches de Fouquet de 1925.
- DESSINS AU QUARTIER DROUOT, du 21 mars au 3 avril, 17 galeries des rues Drouot, de la Grange-Batelière, de Provence, Bergère, Richelieu et du passage Verdeau ; 75009 Paris, rens. 01 48 24 02 34, www.quartierdrouot.com - EXPOSITIONS DE PRINTEMPS RIVE GAUCHE, Cercle Beaux-Arts Rive Gauche, du 21 mars au 8 avril, du mardi au samedi 11h-19h, rues de Verneuil, de Lille, de l’Université, de Beaune, et quai Voltaire, 75007 Paris ; rens. 01 42 96 29 21. - LA QUINZAINE DU DESSIN AU LOUVRE DES ANTIQUAIRES, du 18 au 31 mars, du mardi au dimanche de 11h-19h, 2, place du Palais-Royal, 75001 Paris, entrée libre, salle d’exposition au 1er étage et expositions dans les galeries, rens. 01 42 97 27 27, www.louvre-antiquaires.com
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Effervescence dans les galeries
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°233 du 17 mars 2006, avec le titre suivant : Effervescence dans les galeries