Bâle est une ville de musées. Traditionnellement, ses institutions proposent des expositions de premier plan et des animations spéciales tout au long de la semaine que dure la foire d’art contemporain. Petit tour d’horizon des musées, des centres d’art et des galeries qu’il ne faut pas manquer.
Inaugurée en 1997, la Fondation Beyeler draine depuis son ouverture les amateurs d’art du monde entier, attirés à la fois par son exceptionnelle collection permanente – Cézanne, van Gogh, Monet, Picasso, Braque, Miró, Mondrian, Matisse, Kandinsky, Klee, Giacometti, Rothko, Newman, Warhol, Lichtenstein, Rauschenberg... – et par ses expositions d’envergure, comme “La magie des arbres”. Dans le cadre de cette manifestation, Christo et Jeanne-Claude ont emballé l’hiver dernier des arbres du Brower Park qui entoure la Fondation. Cet été, le musée propose “Face to Face to Cyberspace”, centrée sur l’idée du portrait (frontal) dans l’art moderne et contemporain, qui réunit plus de quatre-vingts œuvres de dix-neuf artistes. Elle débute avec des œuvres des grandes figures de l’art moderne que sont Cézanne, Matisse, Modigliani, Beckmann, Picasso, et propose le plus grand ensemble de portraits de Jean Dubuffet jamais réuni. Entre 1947 et 1948, le Français en a peint une trentaine, et la Fondation Beyeler présente notamment ceux de Paul Léautaud et d’Antonin Artaud. Giacometti a inlassablement travaillé sur les visages de son frère Diego et de sa femme Annette. L’exposition comprend également sept autoportraits de Francis Bacon et des études du visage de son ami George Dyer, mais aussi des travaux d’artistes tels que Christian Boltanski, Chuck Close, Franz Gertsch, Peter Kogler, Thomas Ruff, Rosemarie Trockel ou Andy Warhol. Elle est complétée par des installations multimédias, dont celle du studio berlinois Echtzeit.
Modernité alternative
Pour sa part, le Kunstmuseum de Bâle propose des dessins et estampes de la donation Frank et Thérèse Weiss-Bleuel : dix esquisses – des critiques sociales – de Steinlen (1859-1923) et un ensemble de dessins et lithographies du Bâlois Max Kämpf (1912-1982). La présentation fait également la part belle au groupe d’artistes bâlois “Cercle 48” que Frank Weiss a présidée jusqu’en 1953. Dans le même temps, le Musée d’art contemporain met en valeur, sous le titre “White Fire-Flying Man”, la création américaine de l’après-guerre issue de ses collections et de la Fondation Emmanuel Hoffmann. À côté de peintures de Franz Kline, Barnett Newman, Mark Rothko, Clyfford Still, donnés au musée en 1959 par la Schweizerische National-Versicherungs-Gessellschaft, sont présentées des œuvres de Jasper Johns, Frank Stella, Andy Warhol, Donald Judd ou Bruce Nauman et, parmi les plus jeunes, Robert Gober ou Cindy Sherman.
À la Kunsthalle, en parallèle à l’exposition consacrée aux travaux de la Bâloise Renée Levi, des œuvres de Matthew Antezzo, Joanne Greenbaum, Hans Peter Hofmann, Dennis Hollingsworth, Udomsak Krisanamis, Michel Majerus, Antje Majewski, Albert Oehlen et Laura Owens offrent un point de vue sur la création picturale actuelle. De son côté, la galerie Fabian Walter montre les photographies des Suisses Annelies Strba et Balthasar Burkhard.
Le Musée de l’Architecture met à l’honneur l’architecture de Rudolf Schwarz (1897-1961), né à Strasbourg, et considéré comme l’un des plus importants constructeurs allemands du siècle. Formé à l’École supérieure technique de Berlin-Chlottenburg, il a été l’élève et le collaborateur de Hans Poelzig à Berlin dans les années vingt. Schwarz s’est notamment fait connaître par ses maisons individuelles et ses églises, en particulier St Fronleichnam (1929-1930) à Aix-la-Chapelle. L’architecte a construit de nombreux lieux de culte en Autriche et en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, en réutilisant par exemple des pierres médiévales mais appliquées à l’architecture rationnelle (St Anna, Düren, 1951-1956). On lui doit également l’ancien Musée Wallraf-Richartz de Cologne. Conçue par le Musée des arts appliqués de Cologne, l’exposition montre la modernité de l’architecte, une voie alternative au technicisme et au fonctionnalisme qui primait alors.
Force musculaire
Sous le titre “Véhicules”, le Musée Tinguely réunit deux figures majeures du Nouveau Réalisme cher au critique d’art Pierre Restany. Tinguely a toujours été fasciné par les machines et les automobiles. Le musée conserve d’ailleurs une monoplace et Pit stop, une pièce commandée par la régie Renault qui comprend différents éléments d’une Formule 1 française, accompagnés d’une vidéo montrant Alain Prost au volant de sa voiture rentrant dans les stands au cours d’un Grand-Prix. César a lui aussi très tôt utilisé l’automobile comme matière première pour ses œuvres. À partir de 1959, il a commencé à compresser des carrosseries pour leur donner une nouvelle plasticité. À l’époque, il travaillait surtout à partir d’épaves trouvées dans des “casses”. À la Biennale de Venise, en 1995, l’artiste marseillais a présenté dans le pavillon français 520 tonnes, un ensemble de compressions réalisées à partir de carrosseries neuves de Citroën ZX. Sa dernière série, avant sa mort le 6 décembre 1998, a été exécutée en Italie. Dans cette Suite milanaise, les carrosseries Fiat compactées étaient ensuite peintes de différentes couleurs. L’exposition du Musée Tinguely a été préparée en collaboration avec l’artiste. Avec sa disparition, elle prend ici une dimension d’hommage.
Le Vitra Design Museum, à Weil-am-Rhein, aborde l’automobile d’un tout autre point de vue qui ne se limite pas au seul design, dans une approche qui fait appel à l’histoire de la technique, à la sociologie ou à l’écologie de l’urbanisme. La première partie de l’exposition, “De la roue à l’auto”, présente des reconstitutions de véhicules actionnés à la force musculaire, la voiture imaginée par Léonard de Vinci ou les premières équipées d’un moteur à vapeur. “L’ère de l’automobile” s’intéresse au développement et à la production massive de voitures, tandis que la troisième partie, “L’automobile aujourd’hui”, donne une appréciation de notre rapport actuel à cette machine particulière. Le dernier volet, plus prospectif, propose une vision de “l’avenir de l’automobilité”. Le musée accueille notamment un concept multimédia inédit, conçu en coopération avec le Zentrum für Kunst und Medientechnologie de Karlsruhe.
- FACE TO FACE TO CYBERSPACE, jusqu’au 12 septembre, Fondation Beyeler, Baselstrasse 77, Riehen, tél. 41 61 645 97 00, lundi-dimanche 10h-18h, mercredi 10h-20h, www.beyeler.com - DESSINS ET ESTAMPES DE LA DONATION FRANK ET THERESE WEISS-BLEUEL, 5 juin-26 septembre, Kunstmuseum, St. Alban-Graben 16, Bâle, tél. 41 61 206 62 62, tlj sauf lundi 10h-17h ; 10h-19h durant Art 30’99, www.kunstmuseumbasel.ch - WHITE FIRE - FLYING MAN, 5 juin-26 septembre, Museum für Gegenwartskunst, St. Alban-Rheinweg 60, Bâle, tél. 41 61 272 81 83, tlj sauf lundi 11h-17h ; 10h-19h durant Art 30’99. - RENÉE LEVI, jusqu’au 21 juin ; NACH-BILD, UNE EXPOSITION DE PEINTURE ACTUELLE, 12 juin-22 août, Kunsthalle, Steinenberg 7, Bâle, tél. 41 206 99 00 - ANNELIES STRBA - BALTHASAR BURKHARD, jusqu’au 26 juin, Fabian Walter Galerie, Wallstrasse 13, Bâle, tél. 41 61 271 38 77 ; pendant Art 30’99 du mardi au samedi 10h-18h, www.swissart.ch/fabianwalter - RUDOLF SCHWARZ, jusqu’au 25 juillet, Architekturmuseum, Bâle, mardi-vendredi 13h-18h, samedi 10h-16h, dimanche 10h-13h ; catalogue, éd. Gerd Hatje, 316 p., 48 FS, www.architekturmuseum.ch - VÉHICULES : CÉSAR - TINGUELY, jusqu’au 21 juin, Musée Jean Tinguely, Grenzacherstrasse/Solitude-Park, Bâle, tél. 41 61 681 93 20, mercredi-dimanche 11h-19h, www.tinguely.ch - AUTOMOBILITY - CE QUI NOUS REMUE, 12 juin-9 janvier 2000, Vitra Design Museum, Charles-Eames-Strasse 1, Weil-am-Rhein, tél. 49 7621 702 35 81, www.design-museum.de
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Du portrait, de l’architecture et de l’automobile
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°84 du 28 mai 1999, avec le titre suivant : Du portrait, de l’architecture et de l’automobile