Omniprésents dans notre quotidien et particulièrement envahissants en cette veille de fête, les objets qui nous entourent sont à l’origine les fruits d’une pensée, celle du designer. Travailleur de l’ombre, si l’on exclut les quelques vedettes de la profession, ce créateur améliore notre ordinaire en faisant évoluer les formes et en imaginant de nouveaux concepts qui allient esthétique et fonctionnalité. Le Jda consacre ce mois-ci sa rubrique « métier » à cette profession en pleine expansion.
Si l’on recense actuellement environ 4 000 designers en France, ce chiffre devrait fortement progresser dans les années à venir. Seules quelques grandes entreprises possèdent un département de design intégré ; mais la plupart des sociétés sont désormais conscientes de la nécessité de faire appel à des professionnels de la création pour concevoir leurs produits. Mobilier, transport, jouet, équipement ménager... Les secteurs sont variés et les débouchés nombreux, d’où la difficulté de trouver une formation adaptée. Parmi les écoles d’art qui dispensent un enseignement spécialisé en matière de design, l’École nationale supérieure de création industrielle (Ensci, appelée également “Les Ateliers”) demeure sans conteste l’une des plus renommées et des plus singulières. La durée du cursus scolaire varie en fonction du niveau d’études de l’élève, qui peut intégrer l’école après le baccalauréat et effectuer un cycle long de cinq ans, ou, s’il est déjà muni d’un diplôme, suivre un cycle court de trois ou quatre ans. Le concours d’entrée reste cependant l’obstacle majeur puisque seule une trentaine de candidats sont retenus sur les 700 postulants. Aucun profil n’est a priori favorisé : les étudiants admis ont des expériences et des formations très différentes. Certains sont ingénieurs et ont suivi des études scientifiques, d’autres possèdent un bagage plus artistique. C’est le cas de Béatrice Soriano, designer depuis quatre ans, qui après avoir passé un bac A3 (littéraire et artistique) a obtenu au bout de deux ans le diplôme de l’École nationale des beaux-arts de Dijon dans la section architecture d’intérieur-design. “Après les beaux-arts, je me suis consacrée à la préparation du concours de l’Ensci en effectuant des petits boulots dans des cabinets d’architecture. Mais plus que de réelles connaissances en design (que l’on peut facilement acquérir par la suite), ce dont il faut faire preuve pour le concours c’est d’une grande motivation, de curiosité et de spontanéité”, souligne-t-elle. Présenter un dossier original et créatif, et rédiger une lettre de motivation hors norme sont quelques-uns des sésames essentiels. “Les examinateurs testent vos facultés d’adaptation à des situations données et la facilité que vous avez à communiquer, ce qui est essentiel pour un futur travail en équipe”, poursuit-elle.
Un cocon douloureux à quitter
Un suivi individualisé accompagne ensuite l’élève pendant toute la durée de sa formation. Cette attention particulière accordée aux élèves semble propice au développement personnel et entraîne par conséquent une responsabilisation de ceux-ci. “Chaque étudiant doit être capable de gérer son travail et son temps. Ceux qui ont une approche trop scolaire de l’enseignement et qui aiment être encadrés ne peuvent pas s’épanouir dans ce type de structure où l’on doit rapidement acquérir une certaine maturité et autonomie”, estime pour sa part Jun Yasumoto, étudiant en cinquième année. Ouverte 24h sur 24, l’école devient le principal lieu de vie des élèves, une sorte de cocon qu’il est parfois douloureux de quitter. Des stages effectués en France et à l’étranger rompent de façon salutaire les risques de trop grande autarcie que l’on peut parfois percevoir. À la sortie de l’établissement, la majorité des diplômés ne rencontre aucune difficulté pour obtenir un emploi. Beaucoup de jeunes designers commencent par travailler dans des agences en tant que salariés, la rémunération moyenne se situe généralement dans une fourchette de 13 à 17 000 francs bruts par mois. Mais la tentation de devenir indépendants demeure très présente chez la plupart d’entre eux. “J’ai créé ma propre entreprise pendant la dernière année de ma scolarité à l’Ensci. Je souhaitais concevoir des objets liés au concept de l’air et du vent (girouettes à fibre optique, ailes volantes, modélisme...), m’occuper de leur fabrication, de leur vente et de leur distribution. J’avais ainsi une totale liberté dans le choix de l’intervention, et une grande variété d’interlocuteurs”, précise Benoît Gires, designer et fondateur de l’agence “Spirale”.
- École nationale supérieure de création industrielle – Ensci / Les Ateliers 48, rue Saint-Sabin, 75011 Paris. Tél. : 01 49 23 12 12. www.ensci.com
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°117 du 15 décembre 2000, avec le titre suivant : Designer industriel