Les deux lauréats de la première édition des « David, Académie pour l’art contemporain » attendent leur argent depuis un an.
PARIS - Certaines récompenses font l’effet de miroirs aux alouettes. C’est le cas des « David, Académie pour l’art contemporain », décernés pour la première fois l’an dernier et dont les prochains lauréats seront désignés le 4 mai à l’Espace Cardin, à Paris. Malgré un graphisme obsolète et un trophée kitschissime, le principe de ce prix semblait alléchant sur le papier. Le bénéficiaire du David d’or se voyait doté de 50 000 euros tandis que le lauréat du David Découverte obtenait l’achat d’une œuvre, l’édition d’un catalogue et l’organisation d’une exposition personnelle dans un lieu prestigieux. Arguant de leur sérieux, les organisateurs avaient recruté dans leurs jurys des personnalités respectées du monde de l’art. Le hic, c’est qu’un an après leur désignation, les lauréats de 2008, Ann Veronica Janssens pour le David d’or et Cyprien Gaillard pour le David Découverte, n’ont pas vu l’ombre d’un kopeck.
Non-professionnalisme
En cours de route, l’organisation menée par Jean-Luc Favriau, directeur artistique de l’Espace Cardin, a requalifié la récompense de 50 000 euros en apport aux frais de production d’un projet. Pourtant, c’est bel et bien le mot « prix » qu’on peut lire sur le site internet des David (www.lesdavid-art.com). « Jean-Luc Favriau m’a parlé d’un document remis lors du cocktail de la remise des prix, qui indiquerait les modalités d’attribution. Ann Veronica n’a pas souvenir d’un tel document », indique Florence Bonnefous, codirectrice de la galerie Air de Paris, qui représente l’artiste belge. Informée l’été dernier que le paiement se ferait à réception d’un devis de réalisation et de justificatifs de paiement, la galerie a envoyé un dossier complet mi-septembre. Elle attend toujours le paiement, tandis que l’artiste s’étonne de ne jamais avoir reçu ne serait-ce qu’un courriel d’excuse ou d’explication… « On avait trois sponsors principaux, mais l’un s’est désisté au dernier moment et on a été à court de fonds », indique Jean-Luc Favriau, assurant que le règlement serait effectué d’ici mi-mai.
Même scénario pour Cyprien Gaillard. Aucune des promesses dont le prix était assorti n’a été tenue à ce jour. « Ils avaient évoqué l’achat d’une œuvre d’une valeur de 10 000 euros. Le 23 avril, on nous a dit sans crier gare qu’il y aurait finalement une exposition de Cyprien au Château de Lacoste [Vaucluse] en juillet. Ils sortent l’idée du chapeau sans prévenir à l’avance ni l’artiste ni sa galerie et ils pensent qu’on va trouver ça génial ! Ils n’ont rien fait correctement depuis le début », grince Frédéric Bugada, codirecteur de la galerie Cosmic qui représente Cyprien Gaillard. Par ailleurs, six des sept œuvres de l’artiste, prêtées l’an dernier pour la présentation des nominés à l’Espace Commines, à Paris, sont revenues avec des cadres endommagés. « Il n’y a pas eu un mot d’excuse de leur part, et malgré de très nombreuses relances il n’y a toujours pas eu de règlement d’assurance, alors même qu’Axa est leur sponsor », fulmine Frédéric Bugada. Pour Florence Bonnefous, « les organisateurs n’étaient pas professionnels, même dans leur manière d’accrocher les œuvres pour l’exposition des nominés ». Ce manque de professionnalisme, assorti d’une méconnaissance totale des enjeux et des besoins du milieu de l’art, se perçoit jusque sur le site internet indiquant l’exposition des artistes nominés pour 2009 du 22 avril au 12 mai, alors que celle-ci ne devait s’ouvrir que le 1er mai !
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Des trophées en toc
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°302 du 2 mai 2009, avec le titre suivant : Des trophées en toc